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"L'OM est une énorme maison de verre"

Pape Diouf, ancien président de l'OM, a raconté son expérience lors du congrès du sport suisse à Lausanne.

30 mars 2012, 00:01
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sports@lacote.ch

Le Franco-Sénégalais Pape Diouf, ancien président de l'Olympique de Marseille (OM), avait la lourde tâche d'ouvrir le congrès, mardi matin. " Je tiens à m'excuser, car je n'ai pas réellement eu le temps de préparer mon intervention, s'est-il exclamé. Je sors d'une intervention chirurgicale." L'homme est sincère, il le sera tout au long de son temps de parole de près d'une heure et quinze minutes. Certes non organisé à l'avance, son discours retiendra l'attention de la majorité de l'assemblée.

Après avoir conjugué études et petits boulots, son talent lui permet d'être successivement journaliste sportif, agent de joueur, manager, puis président de l'OM en 2005. Premier dirigeant noir d'un club de football européen, Pape Diouf - âgé aujourd'hui de 60 ans - avoue avoir été propulsé sur son siège par un ensemble de circonstances. Il s'est également rapidement rendu compte de la difficulté de sa tâche. " Avec mes différentes expériences, je pensais connaître suffisamment l'OM. Ça a été une grande erreur de croire ça... Marseille est une énorme maison de verre et j'y ai découvert toutes les facettes complexes d'un club d'une telle envergure."

 

Une politique de post-formation

 

De plus, Pape Diouf a dû faire avec de nouveaux impératifs financiers, exigés par Robert Louis-Dreyfus. " Il ne voulait plus perdre son argent dans le club, il a donc fallu trouver une solution. J'ai instauré une politique de post-formation." Fini les grandes dépenses, l'OM devenait alors un club à la recherche de joueurs déjà formés, mais dont la carrière n'avait pas encore débuté. Mandanda (2 millions d'euros), Taiwo (150 000 euros) ou encore Valbuena (80 000 euros) sont recrutés pour presque rien, surtout le dernier cité, si l'on songe qu'aujourd'hui, il vaut environ 100 fois son prix d'achat. " Sous mon ère, la gestion financière a été un succès. Le club est passé d'une dette de 30 millions d'euros en 2005 à un bénéfice de 40 millions en 2009 lors de mon départ. Mais il est vrai que j'ai été chanceux..." Franck Ribéry, recruté gratuitement à Galatasaray (2005), était notamment revendu 30 millions d'euros au Bayern de Munich deux saisons plus tard.

" Le plan sportif a également été réussi, nous avons été deux fois en finale de la Coupe de France et participé quatre ans sur cinq à la Ligue des champions. Avec notre nouvelle politique, nous avons dû redémarrer le côté sportif. Nous avons programmé l'équipe pour qu'elle soit championne de France au moment où elle l'a été (2010). C'est moi qui ai nommé Didier Deschamps au poste d'entraîneur."

 

Le choix de l'entraîneur

 

Une nomination, comme d'autres, qui selon l'Africain d'origine doit se faire selon certaines conditions. " Le choix du coach ne doit pas reposer sur un nom, mais sur sa capacité à gérer un groupe de 25 joueurs. On parle différemment à chaque gars, on ne remet pas Nasri ou Niang à l'ordre de la même manière. Lorsque l'entraîneur signe dans un club, il faut lui faire comprendre qu'au bout des deux ans de contrat, il y a très peu de chances qu'il soit prolongé, même si les résultats sont bons." Le cas s'est produit avec Eric Gerets, le technicien belge étant mis de côté alors que l'OM tournait plutôt bien. " Au moment où cela arrive, si on a averti le coach dès sa signature, il nous soutiendra lors de son éviction. C'est important à Marseille où les supporters montrent fortement leur mécontentement lorsque quelque chose leur déplaît. Un entraîneur peut être bon à un moment, avec tel groupe et certains joueurs. En deux ans, ça peut évoluer..."

 

Gestion participative

 

Si Pape Diouf a géré de main de maître - mais aussi avec un brin de chance - le plan financier du nouvel Olympique de Marseille, il a donc également fondé les bases d'un titre attendu depuis 1992 côté phocéen. Sa démarche? La participation. " Un président doit s'intéresser au côté sportif. Aucune signature de joueur ne s'est faite sans mon accord et celui de l'entraîneur. Le partage est fondamental, c'est une gestion humaine qui va dans les deux sens."

Avec les supporters également, le Franco-Sénégalais s'est souvent réuni. " On ne fait pas un grand club sans une présence massive des supporters. J'ai participé à chaque réunion des associations de fans. Je leur ai également apporté mon soutien en n'augmentant pas le prix des abonnements quand le propriétaire le demandait. J'ai également envoyé la réserve de l'OM disputer le "clasico" à Paris quand le club de la capitale n'a pas voulu nous fournir le nombre exact de places disponibles dans le secteur visiteurs. Il est important de tisser des liens avec les supporters." Pape Diouf, un personnage à succès dans bien des domaines.

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