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Le Servette FC dépose le bilan: des repreneurs se profilent

Le club de Majid Pishyar a déposé le bilan ce jeudi 1er mars auprès de la Chambre commerciale du tribunal de Genève.

01 mars 2012, 19:12
majid_pishyar

En prise à d'importantes difficultés financières, le Servette FC a déposé jeudi son bilan auprès de la Chambre commerciale du tribunal de première instance de Genève. Des repreneurs se sont manifestés et des pourparlers sont en cours. Si les discussions aboutissent, les responsables du club demanderont à la justice un ajournement de faillite ou une révocation pure et simple de la faillite.

Le cabinet d'avocats du club précise dans un communiqué signé par Me Dominique Warluzel que le président et unique actionnaire Majid Pishyar "a fait abandon de l'intégralité de ses créances envers le club", confirmant ainsi que la Servette Football Club 1890 SA est à vendre.

"Des pourparlers avancés se poursuivent avec des tiers pertenaires et/ou investisseurs", continue Me Warluzel. En déposant son bilan, le club a ouvert la voie à ces éventuels repreneurs, explique le porte-parole du SFC Shahin Ammane. Ces repreneurs auraient déjà été en contact avec le juge en charge du dossier, selon certaines sources.

Pishyar "a tout tenté"

Absent depuis longtemps de Genève, tout comme ses fils également membres de l'organigramme, Majid Pishyar a publié sur le site de Servette une prise de position. L'homme d'affaires iranien, qui ne communique plus qu'indirectement avec les autres responsables du SFC, assure avoir "tout tenté pour assurer le futur du club", mais regrette que son appel à l'aide lancé début février à l'attention des pouvoirs publiques et des milieux économiques n'ait pas porté ses fruits. "Toutefois nous continuons à nous battre pour le SFC", affirme encore M. Pishyar.

A la tête de Servette depuis quatre ans, Majid Pishyar éprouvait depuis plusieurs mois beaucoup de difficultés à honorer les créances, y compris les salaires des joueurs et des employés du club, situation qu'il avait déjà connue en Autriche à la tête d'Admira Wacker, tombé de la 1re à la 3e division et mis en liquidation en 2007. Une solution provisoire avait été trouvée avec plusieurs créanciers pour éviter une demande de mise en faillite. Une telle demande, sans poursuite préalable, avait toutefois été déposée mercredi par la société italienne GIB Sportswear pour des factures impayées.

La ville parle de "gâchis"

Les difficultés financières du club et les nouvelles contradictoires avaient poussé les pouvoirs publiques genevois a demandé un audit sur Servette, afin de s'assurer que l'argent versé au SFC avait bien été utilisé pour aider au développement de la section junior.

La ville et le canton sont intervenus dans les limites de leur rôle en augmentant leur soutien au club, rappelle le conseiller administratif Sami Kanaan, en charge des sports, interrogé par l'ats. "Nous avons versé chacun une somme de 250 000 francs qui devait financer la formation des jeunes joueurs durant la saison 2011-2012". La ville a pris "acte avec inquiétude" du dépôt de bilan. Regrettant ce "gâchis", M. Kanaan espère que le club trouvera rapidement un repreneur et qu'il puisse sauver sa licence.

Un certain nombre de mouvements semblent s'amorcer ici et là en vue d'une reprise, selon le conseiller d'Etat Charles Beer. Le but est que les éléments ne s'annihilent pas, mais qu'ils s'additionnent, a ajouté le ministre responsable du sport. Il existe un petit laps de temps pour examiner les conditions d'une reprise, a souligné M. Beer, lequel s'emploie à fédérer les énergies autour de cette éventualité. "J'agis en bons offices, car l'Etat n'a pas à participer à la gestion d'une SA", a-t-il souligné.

La justice genevoise doit, normalement, rendre sa décision la semaine prochaine. Un délai très court pour permettre une reprise, même si des repreneurs existent. Il s'agirait, selon le site internet de "La Tribune de Genève", d'un Suisse et d'un étranger. Lesquels continuent cependant d'avancer masqués. Il ne s'agit en tout cas pas de la nouvelle association SFC créée pour sauver Servette, qui n'a pour l'heure pas rencontré l'écho espéré. "Nous continuons nos efforts pour proposer un plan de reprise, nous existons toujours", a relevé son vice-président Philippe Mortgé.

L'association, lancée par des personnalités du Club des 100 qui soutient les jeunes footballeurs de Servette, avait été la première à se manifester, affichant son intention de reprendre le club en cas de défaut de Majid Pishyar. Mais elle n'a jamais pu rencontrer les dirigeants servettiens. "On a réuni de l'argent, mais pas assez", précise M. Mortgé.

Dramatique pour Schifferle

Du point de vue sportif, ce dépôt de bilan ne remet pas en question la tenue du match Thoune - Servette de samedi, pour le compte de la 23e journée de l'Axpo Super League, les joueurs grenat ayant décidé de se rendre dans l'Oberland bernois avec l'accord de la Swiss Football League. Celle-ci "demeure en contact avec les parties concernées", a-t-elle annoncé dans un communiqué, mais "ne peut pas fournir des renseignements complémentaires", notamment "des éclaircissements concernant la suite de la procédure (en particulier pour la compétition)".

"La situation est dramatique, il est tout à fait possible que le Championnat se termine à huit équipes", a déclaré à Sportinformation le directeur de la SFL Heinrich Schifferle. La ligue a les mains liées dans ce dossier, a-t-il précisé. "Tant que la faillite n'a pas été prononcée, il y a de l'espoir", a-t-il dit.

Par ailleurs, "si un repreneur se manifeste avec un gros porte-monnaie", il est parfaitement envisageable que Servette obtienne sa licence pour la saison prochaine, déclare M. Schifferle. "Ce serait magnifique pour Genève et pour la Suisse. Le cas Xamax nous a suffi!". Le nouveau directeur de la SFL, Claudius Schäfer, est en contact avec Me Olivier Péclard, l'avocat de Servette.

"Bonne nouvelle"

Les joueurs ont eux accueillis cette nouvelle avec un certain optimisme, la qualifiant de "bonne" puisqu'elle doit permettre au club d'aller de l'avant avec de nouveaux patrons. "Cette période est difficile, a reconnu le gardien David Gonzalez, parce que l'on ne sait pas où l'on va. Mais l'équipe continue de travailler dans la bonne humeur."

Vincent Ruefli détaille pour sa part la journée pariculière qu'il a vécue. "Nous nous sommes entraînés ce matin et avons appris que nous étions convoqués à Balexert pour une séance durant laquelle on nous a annoncé le dépôt de bilan." C'est en matinée que le directeur sportif Costinha a informé les joueurs de l'état très avancé des négociations pour une reprise, selon le site de "La Tribune de Genève". Information curieusement démentie par le Portugais mais pourtant confirmée par plusieurs membres du club.

Ce dépôt de bilan intervient un peu plus d'un mois après la faillite d'un autre club romand de Super League, Neuchâtel Xamax, dont le propriétaire Bulat Chagaev est actuellement en détention préventive. Il intervient surtout sept ans après la retentissante faillite du SFC, alors présidé par Marc Roger, reconnu coupable par la justice d'avoir précipité la fin du club grenat.

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