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Les aventures de "Phiphi" bras d'acier

Avant Suisse-France, retour sur le parcours de Philippe Morin, l'entraîneur français du HBC Nyon.

29 oct. 2014, 12:04
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Dimanche, l'équipe de Suisse accueillera à Bâle son homologue française dans le cadre des éliminatoires pour les championnats d'Europe 2016 qui se dérouleront en Pologne. Un match de prestige pour la sélection nationale qui s'apprête à affronter les "Indestructibles" gaulois, champions olympiques et d'Europe en titre. Ce duel entre meilleurs ennemis, Philippe "Phiphi" Morin le perçoit d'une manière particulière: Français, établi à Thonon, il traverse le Léman plusieurs fois par semaine pour entraîner l'équipe première du HBC Nyon. " La France devra se méfier. Le groupe est assez fort, avec la Macédoine et la République tchèque. Et il n'est pas dit que la Suisse termine quatrième. Ils ont toutes leurs chances. Il leur manque très peu de choses, peut-être trois ou quatre joueurs. Ils ont de bonnes individualités mais pas encore un groupe excellent. Ça se joue à rien pour qu'ils arrivent au haut niveau européen."

A la tête de la formation nyonnaise depuis maintenant quatre ans, Philippe Morin, originaire de la région lyonnaise, a versé dans le handball à la fin des années 60. Une époque où ce sport était loin d'avoir la reconnaissance qu'il a actuellement dans l'Hexagone. " J'étais alors au collège. On n'avait pas de salle, on jouait sur le préau. Nous avions un ballon en cuir, sur lequel il fallait passer du cirage. Mais ça m'a tout de suite plu , se remémore le technicien du Rocher. J'en garde d'excellents souvenirs. Et j'ai maintenu des liens d'amitié avec des joueurs de l'époque. "

Bataillon d'élite

Le handball le tient, et ne le lâchera plus. Il intègre le club de Tassin-la-Demi-Lune, aux portes de Lyon. Gaucher, une "denrée" très recherchée, il parvient, par le biais de son président - " un homme hors du commun " -, à faire son service militaire au sein du bataillon de Joinville (ndlr: unité militaire qui accueillait les sportifs d'élite français). " Il a eu l'excellente idée de les inviter pour un match amical. Ç a s'est bien passé pour moi, ce qui m'a permis d'intégrer l'équipe de France militaire durant la période 1976-1977. " Le hic, c'est que sur les 22 joueurs qui composent le groupe, seuls douze partent faire les matches, pendant que les dix autres restent à la caserne pour se coltiner les corvées. Et le responsable de l'équipe fait vite comprendre au soldat Morin, seul joueur issu d'un club évoluant en Nationale III (à l'époque le 3 e niveau français) qu'il resterait en caserne tant qu'il n'intégrerait pas une équipe de plus haut niveau.

Direction Göteborg

Le problème se règle lorsqu'il obtient l'autorisation de rejoindre le club toulousain de l'ASEAT, où évolue notamment Claude Onesta (l'actuel entraîneur de l'équipe de France). A la même période, il est sélectionné dans l'équipe nationale junior avec laquelle il prend part en 1977 aux championnats du monde qui se déroulent à Göteborg, en Suède. " Nous étions très loin du niveau actuel. On se prenait des claques contre les grosses équipes bien rodées comme l'Allemagne de l'Est. Nous, on se voyait quatre fois par an, durant les vacances. J'en garde un excellent souvenir mais l'équipe était dirigée d'une poigne de fer par des entraîneurs qui ne voyaient pas plus loin que Paris. Ce qui était également le cas pour l'équipe nationale senior. Ils m'avaient proposé de faire une formation de professeur d'éducation physique dans la région parisienne mais ce n'était pas mon truc, alors j'ai décliné l'offre . Et, du coup, je n'ai pas été sélectionné "

Un seul et unique regret

Ce "Paris-centrisme" dura jusqu'à l'arrivée de Daniel Costantini à la tête de la sélection nationale au milieu des années 80. " Il a tout changé. Il a donné confiance aux joueurs, développé le travail physique et a pratiqué l'ouverture sur toute la France. " A l'origine de l'âge d'or du handball français, Costantini s'était renseigné sur l'intérêt de Philippe Morin de rejoindre la sélection. " C'est un autre joueur qui a répondu à ma place en disant que je ne voulais plus revenir. Ce qui n'était pas le cas. Et Costantini ne m'a pas appelé. C'est peut-être le seul regret de ma carrière ", confesse-t-il.

Installé à Thonon-les-Bains depuis juillet 1978 après avoir répondu à l'appel du président et de l'entraîneur du club local, il a construit sa vie dans la ville de Haute-Savoie. Avec à la clé de belles années sportives - titres en Nationale II et promotions en Nationale I - et une vie personnelle et professionnelle épanouie. Marié à une Thononaise, il a fait carrière dans la vente automobile avant de se reconvertir dans les assurances. Tout en accordant, encore et toujours, une part importante de son temps au handball. Enfin, presque toujours. " Durant cinq ans, à la demande de mon épouse, j'ai totalement mis le handball de côté. Le temps d'avoir deux enfants. Et je m'y suis remis."

Il reprend comme joueur et entraîneur à Thonon avant de franchir la frontière suisse dans le courant des années 2000. Une première expérience à Chênois, suivie d'une autre à Lancy où il reste deux saisons. "Durant la seconde saison, j'avais déjà un pied à Nyon. Après un an, il a fallu faire un choix. Du côté du Rocher, il y avait des joueurs et un groupe qui avaient un projet et un objectif. C'est ce qui a fait pencher la balance ", explique le coach de La Côte, motivé comme à la première heure. " Je fais 120 kilomètres aller-retour. Il faut la niaque pour faire ça. Et si je le fais, c'est parce que j'aime toujours autant le handball ", conclut en souriant Philippe Morin.

Retransmission:

La rencontre Suisse-France (14h30) sera diffusée sur écran géant durant le tournoi M13 que le HBC Nyon organise dimanche au Rocher entre 9h et 16h45.

sports@lacote.ch

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