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«Avec nos valeurs et notre cœur»

Morges s’est fait une fête de jouer le LHC, en 16e de la Coupe de Suisse. Retour sur un soir par comme les autres, dans l’intimité du vestiaire.

01 oct. 2015, 23:55
/ Màj. le 02 oct. 2015 à 00:01
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Les chants de la section Ouest résonnent: «LHC, LHC, LHC!» Dans l’escalier menant à la glace, on ne voit rien, on devine simplement les supporters lausannois et cette ambiance hors du commun, cadeau de la Coupe de Suisse. Il est 20h16 et dans quelques secondes, les Morgiens grifferont la glace dans une arène comble. «Tout le monde a enlevé ses protège-lames?» Les «Bulldogs» sont alignés dans un ordre bien précis, protocole oblige. Le temps d’une dernière respiration…

Leur match a débuté deux heures plus tôt. Rendez-vous fixé à 18h, à la patinoire. Laurent Perroton accueille ses troupes. La sono éructe du AC/DC et du Linkin Park à tue-tête. Le hard rock ne masque pas une agitation particulière. Le vestiaire fourmille. «Il y a de l’excitation dans l’air, d’habitude ce n’est pas comme ça», glisse Nicolas Villa, en préparant sa canne.

Laurent Perroton veille au grain et recadre directement. 18h12, premier discours: «Il faut qu’on se calme, tonne le coach. Je suis un des seuls à croire qu’on peut gagner ce match. On a des valeurs, un cœur qu’eux n’ont peut-être pas. On doit être forts dans l’intensité; s’il faut mettre un check à l’étranger, on mettra un check à l’étranger!»

Pour leur échauffement, les Morgiens peuvent compter sur leur salle de force, bâtie de leurs mains. Avec un budget de 5000 francs, un bon paquet de sueur et un sacré esprit d’équipe, les pensionnaires ont aménagé un espace de travail à leur image. Ils ont poussé le détail jusqu’à peindre les radiateurs aux couleurs du club. «On a également commandé une grosse tête de bouledogue pour décorer cet espace», sourit Laurent Perroton.

«Ce soir, c’est le grand soir»

D’autres passent sur la table de massage. Le coach, lui, attend impatiemment dans son bureau. Il en ressortira pour une seconde théorie. Courte mais efficace. «On a été agressifs contre Sion, on peut l’être contre Lausanne aussi!» Sur la porte du vestiaire, les consignes et la note du match contre les Valaisans (4,27 soit mention «bien»).

La mise en route se poursuit sur la glace, puis retour dans le sanctuaire de la première équipe. Le coup d’envoi est fixé pour 20h, l’heure approche. Nicolas Bonvin prend la parole: «Allez les Dogs, on reste soudés!» Puis Sébastien Schneider: «Ce soir, c’est le grand soir!»

19h52: les supporters lausannois s’époumonent. Nicolas Villa ferme la porte du vestiaire. Effervescence en coulisse. Un trou dans un panneau publicitaire retarde le début du match. Laurent Perroton préfère ironiser en pensant à l’adversaire: «Ça va les ramollir», puis «c’est bien, ça fait marcher la buvette».

Fabien Zavattini, le préparateur physique, débarque: «Il fait chaud là-haut. Je n’avais plus vu la patinoire pleine comme ça depuis dix ans, déjà contre Lausanne.» 20h10: après avoir fait les cent pas, Laurent Perroton parle une ultime fois à ses troupes: «C’est vous qui allez gagner ce p..... de match. Let’s go boys!»

Les Morgiens quittent le vestiaire et montent dans l’escalier…

«On a nos chances»

Par la suite, tout s’enchaîne très vite. Un premier shift, un second, courts (15’’ ou 20’’ tout au plus). Puis le premier but du LHC, signé Paul Savary. «Allez les gars, toujours face au jeu!» Laurent Perroton gesticule. «Solides, solides, on met des checks!» A la bande le message se propage. Alexandre Piquerez en remet une couche: «Ils ne doivent pas se promener comme ça, sortez les épaules

A la première pause, le coach laisse son groupe, avant de souligner quelques points: «Quand on sort le puck, on n’a pas une, deux ou trois secondes. On a zéro seconde!», «Continuer à y croire». Avant de retrouver la glace, certains – des habitués – demandent la fiole magique, une gorgée de Carmol.

Face aux assauts des Lions, Gregory Thuillard cumule les parades. «C’est ça, Grego!» Le 0-3 tombe à la mi-match. «F...! Fait chier, bordel!» Karl Moser revient sur le banc franc fou. Cinq minutes plus tard: «Paul, tu te prépares», lance Laurent Perroton au jeune gardien Barbezat (19 ans). A la fin du second tiers, le coach brasse d’ailleurs les lignes, et lance les jeunes. «On a nos chances, on joue bien, ce sont de petits détails qui coûtent cher, il y a du talent en face, positive l’entraîneur. Ce que je veux, c’est qu’on sorte de là avec un, deux, trois goals au compteur.»

«Allez, après c’est la bière»

Une dernière incantation, un cri de guerre. «Allez, après c’est la bière», invective Karl Moser. La récompense tombe déjà à la 51e. Ce but, enfin. «On va en chercher un deuxième, let’s go, let’s go.» Le capitaine David Delessert interpelle le soigneur: «J’ai mal à l’épaule…» Yann Millet se marre: «Y a quoi, David? C’est l’euphorie du but?»

22h40: la partie finie, le retour au vestiaire se fait avec fierté. «La fête continue, on va manger ensemble et après, l’important c’est vendredi car samedi il y a le derby contre Star. On a besoin de points pour remonter au classement.» Laurent Perroton cède sa place au président Stéphane Pasche: «Vous pouvez sortir la tête haute. Ce soir, la bière est pour moi.»

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