Un globe de cristal serait historique pour Lara Gut, mais aussi pour le ski alpin helvétique. Car si Didier Cuche et Carlo Janka ont offert plusieurs globes à la Suisse au cours de la dernière décennie, cela n'a pas été le cas de l'équipe de Suisse féminine, sevrée de cristal depuis 2002 et le couronnement de Sonja Nef en géant.
Pour mettre fin à cette disette, Lara Gut est idéalement placée au sommet de la hiérarchie de super-G. La Liechtensteinoise Tina Weirather blessée, la skieuse de Comano n'a plus qu'une rivale pour décrocher le globe, l'Autrichienne Anna Fenninger.
Au moment d'en découdre jeudi, les deux amies sont séparées par 71 points. Une marge confortable pour Lara Gut, qui pourrait ainsi se contenter d'une 9e place (29 points) si Anna Fenninger venait à s'imposer (100 points). En cas d'égalité, c'est en effet le nombre de victoires dans la discipline durant l'hiver qui fait la différence, une statistique qui penche en faveur de la Tessinoise, victorieuse à trois reprises cette saison en super-G tandis que la Salzbourgeoise n'a pas décroché le moindre succès.
Lara Gut n'est toutefois pas du genre à se livrer à de tels calculs. De plus, les exemples sont nombreux de celles et ceux qui ont voulu jouer tactique aux Finales et qui ont tout perdu. L'exemple le plus célèbre reste celui de Didier Cuche. Lors des Finales de 2008, le Neuchâtelois avait trop assuré, laissant filer le globe en super-G malgré une marge de 99 points sur son dauphin autrichien Hannes Reichelt (seuls les 15 premiers marquent des points aux Finales).
Suspense à plusieurs niveaux
Organisées pour la troisième fois à Lenzerheide sur les quatre dernières années, les Finales ne devraient pas être faussées cette fois-ci par la météo, comme cela avait été largement le cas en 2011 et 2013. Du beau temps est annoncé dans les Grisons, de quoi augurer de beaux duels pour les derniers globes en jeu.
Hormis ceux de la descente et du super-G messieurs (déjà remportés par Aksel Lund Svindal) ainsi que celui du slalom dames (Mikaela Shiffrin), tous les autres globes sont encore à attribuer. Le suspense reste notamment entier pour la récompense suprême de l'hiver, le grand globe du classement général.
Chez les dames, Maria Höfl-Riesch tient la corde avec 29 points d'avance sur Anna Fenninger. Si le critère de la polyvalence donne l'avantage à l'Allemande, qui peut marquer des points dans les quatre disciplines, les courbes de forme parlent clairement en faveur de l'Autrichienne.
En pleine bourre depuis les JO de Sotchi et en quête de son premier grand globe, la skieuse de Salzbourg n'a plus quitté le podium depuis cinq courses. A l'inverse, sa rivale de Garmisch a montré des signes de fébrilité à l'heure de s'adjuger sa deuxième victoire au classement général de la Coupe du monde après celle de 2011.
Hirscher et Svindal dos à dos
Chez les messieurs, Marcel Hirscher (2012 et 2013) et Aksel Lund Svindal (2007 et 2009) en sont chacun à deux grands globes. Et il est impossible de prévoir qui en décrochera un troisième dans les Grisons, les deux hommes étant actuellement séparés par quatre points, à l'avantage de l'Autrichien.
Une des clefs de ce duel sera la capacité de l'un et l'autre à venir marcher sur les plates-bandes de son rival. Roi des disciplines de vitesse, Svindal semble ainsi condamné à retrouver de sa superbe en géant, discipline dans laquelle il ne compte qu'un top 10 cet hiver. Quant à Hirscher, son alter ego dans les épreuves techniques, il va s'essayer au super-G sur une piste qui, justement, devrait avantager les techniciens.
On rappellera que Hirscher avait déjà forcé une fois son destin en super-G. C'était aux Finales 2012 de Schladming, où une inattendue 3e place lui avait permis de s'offrir son premier grand globe au détriment de Beat Feuz.