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Snowboard: le corps meurtri, Iouri Podladtchikov met fin à sa carrière

C’est un grand nom du snowboard qui tire sa référence. Iouri Podladtchikov, champion olympique 2014 de half-pipe et multiples médaillés des X-Games, a décidé de dire stop en évoquant notamment des blessures à répétition.

22 août 2020, 23:02
Iouri Podladtchikov met un terme à sa carrière à 31 ans.

Iouri Podladtchikov, un Zurichois aux origines russes, a façonné l’histoire du snowboard suisse pendant plus d’une décennie. Après presque vingt ans de compétition, le Champion olympique 2014 se retire parce que son corps n’arrive plus à suivre.

La décision ne vient pas d’un coup de tête, mais d’une réflexion de plusieurs mois. Ce dimanche, dix-sept ans après avoir fait ses débuts aux Championnats de Russie à l’âge de 14 ans, le Zurichois a écrit le dernier chapitre d’une grande carrière. Podladtchikov a choisi de dire stop trois mois après une dernière tentative de relancer sa carrière sans pression.

Avec Podladtchikov, les disciplines freestyle perdent l’un de leurs plus grands noms. Son palmarès en dit long: trois médailles aux Championnats du monde – en plus de l’or en 2013 au Canada, il a remporté l’argent en 2011 et 2017 – sept médailles aux X-Games et 14 places sur le podium en Coupe du monde.

 

 

Une image de vantard

Podladtchikov a bien entendu connu son plus grand succès aux Jeux olympiques 2014 à Sotchi – la ville de ses parents et le pays où il est né et pour lequel il a concouru jusqu’en 2006. Le Zurichois n’a jamais caché ses ambitions. Viser les sommets, voir grand, «à la manière russe» comme il aimait le dire. «Si je participe à une compétition, je veux gagner. Autrement, je n’ai qu’à rester à la maison», lançait-il à ses débuts, lorsqu’il n’était encore qu’un adolescent qui fréquentait le gymnase sportif de Davos. Au départ, certains ne cautionnaient pas les déclarations d’I-Pod. De voir un Zurichois de 21 ans partir à la chasse à la star mondiale Shaun White a contribué à dégager cette image de vantard.

Mais Podladtchikov n’était pas seulement une «grande gueule», c’était aussi un travailleur acharné qui faisait ce qu’il disait. Il avait cependant besoin de reconnaissance extérieure. Il y a dix ans à Vancouver, le Zurichois n’avait pas réussi à faire ce qu’il avait dit en terminant 4e des JO. Il avait alors déclaré: «Si vous promettez autant que moi, vous devez accepter que vous puissiez décevoir les gens.» La défaite à Vancouver l’a fait travailler encore plus dur sur son objectif, avec une envie quasi obsessionnelle.

Un entraînement de fou

Podladtchikov a passé des heures à travailler sa technique dans une salle louée spécialement dans le but de réaliser son rêve olympique, sachant que White pouvait s’entraîner sur son propre half-pipe. A Freienbach, I-Pod a appris grâce au trampoline et au skateboard les bases du trick qui le mènera au titre olympique en 2014, le yolo flip. Cette figure se compose de deux sauts périlleux et quatre vrilles, ce qui rend la phase qui suit les rotations particulièrement difficiles, parce que la préparation en vue de l’atterrissage est ardue à mettre en place.

En half-pipe, on parle d’amplitude et d’être capable de se poser proprement après ses sauts. Mais il y a aussi l’élan pour pouvoir rester le plus longtemps en l’air. Celui qui perd de l’élan perd de précieux points et des compétitions. Ou dans le cas de Podladtchikov son auréole. Pendant longtemps, le Zurichois était vu comme un indestructible, mais les trois dernières années ont brossé un tableau différent. Podladtchikov est soudainement devenu vulnérable comme tous les autres.

 

 

Des blessures à répétition

En 2017, sa période de souffrance a démarré sur un nouveau succès avec l’argent aux Championnats du monde à la Sierra Nevada. Seulement Podladtchikov a payé cette médaille au prix fort avec une déchirure du ligament croisé survenue lors de son dernier saut. S’en est suivi un rétablissement express à la suite d’une blessure qui a mis sa carrière en danger, avant une chute aux X-Games début 2018 qui le laissera avec un traumatisme crânien. L’an dernier, les médecins lui diagnostiquent un cancer de l’estomac avant de se raviser. Il souffre d’un ulcère dû au stress.

Malgré des mois difficiles, I-Pod se rend aux Championnats du monde à Park City. Il chute à l’entraînement sur son Yolo-Flip. Il se déchire le tendon d’Achille aux Etats-Unis et son corps a de plus de plus de mal à s’en remettre. Contraint de faire une pause, Podlatchikov trouve dans l’art un moyen de s’évader. Passionné de photographie, il suit une école à New York l’automne dernier.

Rasséréné, le Zurichois essaie de se préparer pour la nouvelle saison. A la mi-mai, il demande à être rétrogradé dans la hiérarchie de Swiss-Ski, de passer de membre de l’équipe nationale à celui de statut pro. «Je veux prendre le temps», avait-il alors dit. Dimanche, tout est devenu plus clair. Même le temps n’a pu guérir le corps meurtri de celui qui aura marqué le snowboard helvétique.

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