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Affaire Skander Vogt: les versions divergent entre un gardien et le responsable

Le procès de l'affaire Skander Vogt, détenu décédé après avoir bouté le feu à son matelas, a repris mardi à Renens (VD). De fortes divergences sont apparues sur les échanges d'informations durant la nuit du drame.

05 nov. 2013, 19:29
Le Ministère public vaudois a fait appel contre l'acquittement du journaliste dans l'affaire Skander Vogt. Il est décédé dans la nuit du 10 au 11 mars 2010 dans sa cellule à Bochuz (VD) après avoir mis le feu à son matelas.

Le procès de l'affaire Skander Vogt a repris mardi à Renens (VD) avec l'audition des gardiens de prison et du surveillant sous-chef.

Depuis l'ouverture du procès, la Cour a interrogé les trois gardiens de prison présents durant la nuit du 10 au 11 mars 2010. Une relative unité est apparue entre leurs déclarations, à quelques nuances près. Ils ont contesté avoir fauté.

Les gardiens ont affirmé qu'ils avaient fait tout ce qui était en leur pouvoir pour sauver Skander Vogt. La question de l'attitude de deux d'entre eux dans le couloir des cellules de haute sécurité a été rediscutée après les remarques la veille du Ministère public et de la Cour.

Pas d'urgence

Ils auraient traîné les pieds et se seraient montrés désinvoltes alors qu'il y avait un début de feu, selon les critiques. "On se posait des questions sur la manière d'intervenir. Il n'y avait pas un niveau d'urgence extrême. Il y avait très peu de fumée", a expliqué un surveillant.

"A aucun moment, nous avons plaisanté", a affirmé le gardien. S'il y a eu un geste du pied qui peut faire croire à un jeu, c'est une fausse interprétation. Selon lui, il s'agissait plutôt de montrer comment il serait possible d'éteindre le feu, en chassant le papier qui devait être en train de brûler entre la grille et la porte blindée de la cellule de Skander Vogt.

Méfiance

"Je ne vous crois pas une seconde", a rétorqué le procureur. A ses yeux, ces éclaircissements viennent après la mise en cause et n'ont été jamais été avancés auparavant par le prévenu.

Le deuxième surveillant s'est dit "choqué" que l'on puisse penser qu'il était en train de "jouer" dans ce couloir alors que de la fumée sortait d'une cellule. "J'ai un profond respect des détenus", mais il était hors de question de "se lancer tête baissée" dans l'ouverture de la porte, sachant que des détenus avaient déjà jeté des objets contre les gardiens.

Propos contradictoires

Lors de l'interrogatoire du surveillant sous-chef, qui était chez lui de piquet la nuit du drame, des divergences sont apparues avec les déclarations de l'agent qui s'occupait de la centrale la nuit fatale. Alors qu'ils ont échangé deux coups de fil, le cadre a affirmé qu'il n'avait plus que le souvenir d'une seule conversation téléphonique.

De plus, l'agent lui aurait dit: "le feu est maîtrisé, les fumées sont évacuées". "C'est impossible", s'est écrié le procureur. "Depuis le début, vous dites ça", mais ça ne tient pas: le gardien ne pouvait pas prononcer ces paroles puisqu'il voyait une fumée épaisse sur son écran de contrôle.

Forte émotion

"Arrêtez de nous mener en bateau", a lancé le procureur, en critiquant la mémoire défaillante du surveillant sous-chef sur des éléments essentiels. Interrogé par Me Nicolas Mattenberger, avocat de la partie civile, le cadre a dit que "c'est émotionnellement très dur. J'aimerais bien, mais j'arrive pas à remettre ces choses en place".

Interrogé par la Cour sur un autre échange avec le gardien, le surveillant sous-chef a dû reconnaître qu'il affirmait le contraire de son subordonné. "Il y a des divergences importantes, vous pensez que le gardien ment?". "Il se trompe peut-être", a avancé le responsable.

Vos déclarations laissent "perplexes. Elles sont en contradiction totale" avec les propos de vos collègues, a averti la présidente de la Cour. "C'est le moment de dire la vérité", a-t-elle lancé au prévenu, extrêmement perturbé.

Le procès dure jusqu'à la fin du mois. Le verdict est attendu le 29.

 
 
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