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Arafat empoisonné au polonium: l'hypothèse la plus "cohérente"

Yasser Arafat serait mort à la suite d'un empoisonnement au polonium selon les experts suisses qui ont enquêté sur le sujet. Sans être être affirmatifs à 100%, ils ont assuré jeudi à Lausanne qu'il s'agissait de l'hypothèse la plus "cohérente".

07 nov. 2013, 17:52
FILE - In this Saturday, Oct. 2, 2004 file photo, Palestinian leader Yasser Arafat pauses during an emergency cabinet session, at his compound, in the West Bank town of Ramallah.  Palestinian official says the remains of former Palestinian leader Yasser Arafat will be exhumed on Tuesday, Nov. 27, 2012 to enable foreign experts to take samples as part of a probe into his death. (AP Photo/Muhammed Muheisen, File)

"Nos résultats peuvent soutenir raisonnablement que la mort a été la conséquence d'un empoisonnement au polonium-210", a déclaré jeudi devant la presse à Lausanne le professeur Patrice Mangin, directeur du Centre universitaire romand de médecine légale (CURML).

Patrice Mangin et le professeur François Bochud, directeur de l'Institut de radiophysique appliquée, ont expliqué la méthode utilisée pour analyser les prélèvements effectués fin 2012 sur la dépouille du leader palestinien. Leurs conclusions sont nuancées et prudentes, même si les scientifiques se disent "confiants dans leurs résultats".

Les spécialistes ont rappelé qu'ils avaient mené une expertise médico-légale complète. Ils ont eu à disposition le dossier médical de Yasser Arafat lors de son hospitalisation en France et ont procédé à diverses analyses toxicologiques et radiologiques de ses effets personnels, puis à partir de prélèvements sur sa dépouille.

Longs délais

Mais plusieurs éléments ont rendu leurs investigations "difficiles", ont insisté les chercheurs: d'abord, les échantillons biologiques recueillis lors de l'hospitalisation ont été détruits. Ensuite, les huit ans écoulés entre le décès du Palestinien en 2004 près de Paris et son exhumation fin 2012. "Ce délai est très long. Une substance comme le polonium a pu décroître fortement", a dit Patrice Mangin.

Dans un premier temps, les experts ont procédé à une analyse sur les sous-vêtements. "Nous avons été surpris de constater que la proportion de polonium était significativement plus importante que ce à quoi on s'attendait", a expliqué François Bochud.

Les investigations ont ensuite porté sur des prélèvements effectués directement sur la dépouille. Des concentrations de polonium jusqu'à 18 fois plus élevées que la normale ont été mesurées, notamment dans les os des côtes et du bassin. Mais ces analyses détaillées ne permettent pas d'exclure le polonium comme source du décès ni de dire "avec certitude" que cette substance radioactive hautement toxique a causé la mort du leader palestinien.

Hypothèse la plus cohérente

Confrontant leurs données aux deux scénarios possibles, les experts ont jugé que l'hypothèse "la plus cohérente" était celle d'un empoisonnement au polonium, a expliqué Patrice Mangin. Sur une échelle à plusieurs niveaux ("slightly, moderately et strongly"), ils retiennent le terme "moderately" dans leur synthèse, soit l'hypothèse "la plus raisonnable", selon les propos de Patrice Mangin.

Aux yeux des experts, les doses de polonium détectées impliquent l'intervention d'un tiers. Il n'est pas possible d'ingérer du polonium par erreur ou par accident.

Trois équipes - suisse, russe et française - ont été chargées d'analyser les prélèvements effectués sur le corps de Yasser Arafat. Les résultats de deux autres équipes ne sont pas encore connus.

"Il n'était pas évident de sortir des chiffres les premiers", a expliqué François Bochud. "Mais nous avons confiance en nos résultats, nous n'avons pas à en rougir".

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