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Collection Gurlitt au Musée des Beaux-Arts de Berne: décision attendue lundi

Le Musée des Beaux-Arts de Berne se prononcera lundi s'il accepte ou non l'héritage controversé du collectionneur allemand Cornelius Gurlitt. Une source "fiable" affirme que l'établissement pencherait pour le oui.

21 nov. 2014, 12:27
La collection compte environ 1600 peintures, dessins et gravures.

Le Musée des beaux-arts de Berne va annoncer lundi à Berlin s'il accepte ou non l'héritage controversé du collectionneur allemand Cornelius Gurlitt, estimée à plusieurs millions de francs. Une affaire délicate aux ramifications internationales.

Vendredi, l'agence de presse allemande dpa annonçait que le Musée bernois va accepter l'héritage, en s'appuyant sur une source qualifiée de fiable, mais sans la nommer. Le Musée ne confirme pas.

"Nous ne confirmons en aucun cas cela", a déclaré la porte-parole du Musée des Beaux-Arts Ruth Gilgen. Elle a rappelé que les autorités allemandes et l'institution culturelle bernoise donneront lundi une conférence de presse à Berlin sur le sort des centaines d'oeuvres amassées par le collectionneur allemand.

La collection a été constituée par Hildebrand Gurlitt, marchand d'art en vue sous le régime nazi. Cornelius Gurlitt, son fils, a été au centre d'un violent débat sur les oeuvres d'art volées par les nazis. Il est mort le 6 mai dernier à Munich et a choisi le Musée des Beaux-Arts de Berne comme légataire universel.

La collection compte environ 1600 peintures, dessins et gravures. Il est probable qu'elle contienne des oeuvres d'art volées et spoliées, vendues bien en dessous de leur valeur réelle par leurs propriétaires en détresse durant la Deuxième Guerre mondiale.

En cas d'acceptation de l'héritage, le Musée bernois s'en tiendra aux principes de la déclaration de Washington, avait annoncé son directeur Matthias Frehner. Celle-ci prévoit l'identification et la restitution des oeuvres spoliées à d'éventuels ayants droit.

Suppositions

En juillet dernier, la direction du musée avait fait savoir qu'elle avait vraisemblablement besoin d'un délai de six mois pour examiner toutes les questions ouvertes, comme l'importance et le contenu de la collection, ainsi que son traitement. Des questions liées aux coûts et aux impôts sont également sur le tapis. De plus, le testament pourrait être contesté.

La direction s'étant tue depuis, les suppositions vont bon train. Selon certaines, les recherches sur l'origine des oeuvres sensibles devraient être faites en Allemagne, alors que les pièces "sans histoire" devraient être envoyées à Berne. Les oeuvres d'art déclarées spoliées seraient retournées dans les musées. Le Musée des Beaux-Arts bernois ne s'est cependant jamais exprimé à ce sujet.

Chance et risques

Reste la question centrale: le musée bernois, financé par l'argent public, doit-il accepter la collection d'un marchand d'art d'Hitler? Certains voient cette opportunité comme une chance unique pour le musée et la Suisse, d'autres mettent en garde contre un cadeau empoisonné.

Des experts font valoir que Berne aurait ainsi l'occasion de mettre en place des mesures de référence internationales pour le traitement des oeuvres d'art spoliées.

Le président du Congrès juif mondial (CJM) a lui mis en garde il y a quelques semaines le musée de Berne. Ronald Lauder a évoqué "une avalanche de procès" en perspective en cas d'acceptation de l'héritage. Herbert Winter, président de la communauté israélite suisse, a au contraire déclaré qu'il serait plus sage que Berne accepte la collection.

Ce n'est pas un secret que de nombreux politiciens allemands espèrent un "oui" du musée bernois. La ministre de la culture Monika Grütters a parlé d'une aubaine pour le Musée des Beaux-Arts.

L'argent est un facteur non négligeable dans les réflexions du musée. Les recherches sur l'origine des oeuvres, le personnel, le local de dépôt, la conservation, la conception d'expositions ou encore les éventuels démêlés juridiques auront un coût. Le musée devra également déterminer si et comment il compte vendre certaines pièces de la collection afin de couvrir ses frais.

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