De nouveaux modèles multidisciplinaires de soins, dépassant le cadre du "managed care", devraient être développés en Suisse. Confédération et cantons y voient le moyen de relever les défis attendant la médecine de premier recours: pénurie de praticiens, population vieillissante, hausse des cas chroniques.
Ces modèles doivent permettre une prise en charge de qualité, à la fois économique et de proximité. Ils devront offrir des conditions de travail adaptées aux besoins des professionnels de la santé (travail salarié, à temps partiel, en équipe), selon un rapport publié lundi par la Conférence des directeurs cantonaux de la santé et l'Office fédéral de la santé publique.
Premières expériences
Plusieurs exemples sont présentés dans le document. On y retrouve les plus de 80 réseaux de médecins, servant de référence au projet "managed care" en votation le 17 juin, ainsi que les centres de santé. Ces derniers désignent des établissements bien dotés en médecins, avec un service de garde 24 heures sur 24 et une ambulance. Mais aussi des cabinets collectifs dans lesquels peut aussi travailler du personnel non médical.
Un "Espace santé" a ainsi ouvert ses portes en octobre 2011 à Tramelan (BE). Outre des médecins de premier recours, il abrite une clinique dentaire, un cabinet de physiothérapie, un service de soins à domicile et un centre de soins pour nourrissons. Le bâtiment comporte également des appartements pour personnes âgées.
La future "Cité Générations" à Onex (GE) est également citée. Elle regroupera une permanence, un centre de formation, une unité d'hospitalisation de courte durée et des appartements médicalisés. A l'étranger, le rapport évoque les maisons de santé pluridisciplinaires françaises, les cabinets de premier recours allemands, les centres multidisciplinaires finlandais et d'autres modèles américains.
Ces expériences peuvent servir de base à la réflexion. Plusieurs exigences de qualité devront être prises en compte. Des efforts seront en outre nécessaires pour établir de nouveaux modèles dans les régions périphériques. Pour que cette nouvelle offre puisse se développer, des conditions-cadres doivent être posées.
Aide financière
Les cantons pourraient aider financièrement ces centres à se lancer. Un fonds de soutien au changement structurel du cabinet individuel aux centres médicaux constitué par les cantons, la Confédération et les médecins est évoqué dans le rapport. La commission de la sécurité sociale du Conseil national entend d'ailleurs se pencher sur les moyens de soutenir la création de cabinets de groupe et de centres de santé.
Les auteurs du document relèvent aussi que le système tarifaire actuel n'est pas adapté à une prise en charge intégrée. Le "Tarmed", utilisé pour les prestations ambulatoires, ne contient que très peu de soins pouvant être administrés par du personnel non médical. Les prestations infirmières doivent ainsi être prescrites par un médecin pour être prises en charge par l'assurance maladie.
De nouveaux modèles de financement doivent donc être élaborés. Le rapport mise aussi sur une meilleure compensation des risques entre caisses, basée sur la morbidité. Ainsi que sur des formations de base et postgrade permettant de former des professionnels d'être armés pour les défis de demain. Des possibilités d'apprentissage interprofessionnel doivent être créés.