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Des requérants d'asile à la place des saisonniers dans les champs

Des requérants d'asile pourraient à l'avenir combler l'absence des saisonniers étrangers dans l'agriculture.

08 août 2014, 17:41
En Valais, il y a plus de dix ans que l'agriculture recourt à des requérants d'asile.

Avec la réintroduction d'un système de contingents, l'agriculture craint de manquer de main-d'oeuvre. Les requérants d'asile pourraient palier au manque de saisonniers étrangers pour les travaux dans les champs. Cette idée qui a surgi à la suite de la votation du 9 février sera analysée plus profondément mercredi. Si les conclusions sont positives, un projet pilote pourrait déjà être lancé l'an prochain.

Les permis seront d'abord donnés au personnel qualifié. Ainsi pour combler l'absence d'une partie des 25'000 à 30'000 saisonniers, Polonais et Portugais avant tout, qui viennent travailler dans les exploitations helvétiques, surtout maraîchères, l'idée est de mieux mettre à profit les forces de travail existant dans le pays.

14'000 personnes

Il y a par exemple dans ce potentiel les personnes à l'aide sociale ou les requérants d'asile, a indiqué Jacques Bourgeois, directeur de l'Union suisse des paysans. Selon les projections de l'Office fédéral des migrations (ODM), quelque 14'000 personnes relevant du domaine de l'asile pourraient être prises en considération.

M.Bourgeois a déjà discuté de l'idée avec le directeur de l'ODM, Mario Gattiker, en marge du groupe d'experts chargé d'étudier les conséquences de l'acceptation de l'initiative contre l'immigration de masse du 9 février. Les deux hommes doivent se retrouver avec leurs experts respectifs mercredi.

Projet-pilote

L'objectif de cette réunion est d'approfondir le sujet, d'étudier si l'idée est applicable et dans quelles conditions. Si les conclusions sont positives, on pourra aller de l'avant avec un projet-pilote dès 2015, a précisé M.Bourgeois.

Encore faudra-t-il trouver l'un ou l'autre agriculteur prêt à jouer le jeu, a-t-il ajouté. Pour eux, il est important que cette main-d'oeuvre soit fidèle et stable une fois formée. Ce qui est le cas avec les saisonniers polonais ou portugais sur lesquels ils peuvent compter d'année en année.

Prendre garde à l'appel d'air

Avec les requérants d'asile, une fois ceux-ci formés, on doit aussi pouvoir compter à terme. C'est là une des conditions relevées par les paysans. Outre la disponibilité à fournir un travail rude, une forte et solide constitution et un minimum de connaissances de la langue, il faut aussi que le requérant appelé à travailler dispose d'un statut juridique clair et adéquat, a relevé Markus Ritter, président de l'USP.

Ces aspects, de même que les conditions de travail et de salaire, sont autant d'éléments à régler s'il apparaît, mercredi, que l'idée mérite d'être appliquée. En plus des considérations techniques, il faut aussi tenir compte de la politique et veiller à ne pas provoquer un appel d'air vis-à-vis de l'étranger, avertissent les conseillers nationaux Jacques Bourgeois (PLR/FR) et Markus Ritter (PDC/SG).

Exemple valaisan

En Valais, canton pionnier dans la mise en place de programmes d'occupation, il y a plus de dix ans que l'agriculture recourt à des requérants d'asile. En 2000, le Valais proposait des activités lucratives à 421 d'entre eux, en particulier dans les branches des services, de l'agriculture et de l'hôtellerie.

Aujourd'hui en raison des bonnes expériences, les programmes d'occupation se poursuivent, suivis par quelque 450 requérants, a indiqué Roger Fontannaz, chef du service de l'asile à l'Etat du Valais. Accessibles à tous les requérants, ils reposent sur trois centres de formation.

Tous les requérants ne peuvent en revanche pas prétendre à un emploi rétribué. Seuls ceux en attente de réponse ou admis provisoirement et en Suisse depuis trois mois - mais pas ceux qui ont été déboutés - peuvent demander un permis de travail, qui dépend des cantons, a-t-il ajouté. Ils sont aujourd'hui 340 en Valais, sur 1800 requérants en tout dans le canton, selon M.Fontannaz.
 

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