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Djihadisme: 90 personnes "à risque" sous surveillance en Suisse

En matière de djihadisme, quelque 90 personnes considérées comme "à risque" sont sur le radar du Service de renseignement de la Confédération. Celui-ci a introduit cette nouvelle catégorie dans son rapport annuel 2017.

02 mai 2017, 14:47
Ces quelque 90 personnes sont déjà connues du SRC. Il n'y a pas de changement de pratique dans le traitement de leur dossier, a indiqué mardi son directeur Markus Seiler.

En Suisse, quelque 90 personnes sont considérées comme "à risque" dans le contexte du djihadisme. Le Service de renseignement de la Confédération (SRC) a introduit cette nouvelle catégorie dans son rapport annuel 2017.

Ces quelque 90 personnes sont déjà connues du SRC. Il n'y a pas de changement de pratique dans le traitement de leur dossier, a indiqué mardi à Berne son directeur Markus Seiler lors d'une conférence de presse.

Le SRC entend ainsi faire preuve de transparence et de clarté. La statistique sera actualisée tous les six mois. Elle doit permettre aussi de faire des comparaisons avec les pays voisins. Certains de ces cas ont été signalés ou identifiés grâce à la collaboration avec des polices étrangères.

Mais pas question de parler de fichage, selon Markus Seiler. Les lois du pays et l'histoire récente, avec le scandale des fiches, "ne nous le permettent pas."

On ne peut donc pas comparer avec le fameux fichier "S" utilisé en France, qui est un instrument "faible" en termes de contrôle qualité, dépassé, et pas adapté aux lois suisses, estime Markus Seiler. Mais c'est un élément parmi d'autres qui peut servir pour construire un dossier.

Convertis et migrants

Qui sont ces quelque 90 personnes? "Des Suisses convertis, des personnes avec un parcours migratoire, majoritairement des hommes, plutôt jeunes", a précisé M. Seiler. Vivant principalement dans des agglomérations périurbaines, ils se répartissent sur tout le territoire, de Genève à Bâle en passant par le Tessin.

Outre ces cas, le SRC suit toujours de près environ 500 autres "djihadistes virtuels" actifs sur Internet. Des personnes qui fréquentent des pages sur l'islamisme radical ou violent, qui postent des commentaires ou affichent un soutien aux activités djihadistes. Le Ministère public de la Confédération a ouvert une procédure pénale dans 60 cas.

Moins de voyages

Les voyages du djihad à proprement parler ont quant à eux baissé. Le SRC n'a pas enregistré de nouveau départ depuis la Suisse vers une zone de conflit depuis août 2016. Le nombre de personnes de retour de Syrie ou d'Irak est aussi constamment en baisse depuis 2015.

Depuis 2001, 88 cas ont été recensés au total. Quatorze sont rentrés en Suisse, certains ont été condamnés, puis libérés.

Des djihadistes utilisent la Suisse comme pays de transit, note aussi le SRC dans son rapport. De tels passages sont attestés en relation avec plusieurs actes terroristes, comme celui de Saint-Etienne-du Rouvray en France en juillet 2016.

Pas interdit d'être un nazi

L'extrémisme politique fait aussi partie des thèmes du SRC. Les événements liés à l'extrémisme de droite sont rares, ceux liés à l'extrême gauche élevés, indique le rapport. Il faut toutefois empêcher que la Suisse gagne en attrait comme lieu d'organisation de concerts et autres manifestations.

Le SRC a ainsi été régulièrement critiqué pour ne pas avoir réussi à empêcher des concerts de néonazis, comme celui d'Unterwasser (SG) en octobre dernier. "En Suisse, il n'est pas interdit d'être néonazi", a lancé Markus Seiler. De toute façon, seules les autorités cantonales peuvent agir et interdire une manifestation si l'ordre public est menacé, par exemple.

Il n'y a en revanche pas eu d'activisme d'extrême droite contre des centres d'asile, comme en Allemagne. Mais la même question de la migration peut activer l'extrême gauche, rappelle le SRC. Les actes de sabotage ciblés visant à empêcher des expulsions de migrants ont augmenté.

Pour le reste, les situations de crise dans le monde font peser toujours plus de risques sur la sécurité, aussi en Suisse. Brexit, élection de Donald Trump aux Etats-Unis, réforme constitutionnelle en Turquie et cyberguerre - comme l'attaque informatique sur RUAG - ont encore aggravé les perspectives, dit le SRC.

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