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Drame de Sierre: le témoignage des sauveteurs de retour de Belgique

La délégation valaisanne a partagé la douleur des familles des victimes lors des funérailles en Belgique.

23 mars 2012, 16:29
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Le silence, la musique, l’atmosphère digne et solennelle, le déplacement en Belgique était touchant, triste et beau. Les moments passés à Anvers, à Lommel, à Louvain et à Bruxelles ont été émotionnellement forts pour toute la délégation valaisanne dont tous les représentants ont été impliqués d’une manière ou d’une autre dans l’accident.

L’émotion était forte pour moi aussi en tant que journaliste et en tant que femme puisque je les ai accompagnés mercredi et jeudi. Ces moments ont permis à chacun de dire adieu aux enfants et aux adultes décédés brutalement mardi 13 mars à Sierre. J’ai choisi de partager avec vous les témoignages des intervenants valaisans recueillis lors du voyage. «Assister à ces cérémonies d’adieu est la suite logique de ce qui s’est passé à Sierre. Cela permet d’exorciser un peu tous les aspects tragiques des événements», souligne Jean-Pierre Deslarzes, directeur médical de l’OCVS.

La délégation était aussi présente pour partager le deuil des familles: «Nous avons eu beaucoup d’émotions et de respect pour ces familles. Nous les avons accompagnées pendant 48 heures, donc c’était important d’être là», souligne Grégoire Epiney, Capitaine à la police cantonale.

Uniforme et présence

La délégation avait choisi de représenter chacun des corps de métiers en uniforme. Reynold Favre, commandant du CSIA de Sierre, le centre de secours et d’incendie, et son remplaçant, Yves Zappellaz ont revêtu leurs habits de pompiers, Jean-Pierre Deslarzes, directeur médical de l’OCVS, l’organisation cantonale valaisanne des secours, portait la veste du 144.Alain Rittiner, chef-secouriste et ambulancier, a lui aussi mis le même costume qu’il portait le soir du drame: «Remettre l’uniforme fait remonter toutes les émotions et tous les souvenirs». Les représentants de la police cantonale, le Commandant Christian Varone, le Capitaine Grégoire Epiney, et les Premiers-lieutenants Pierre-Martin Moulin et Jean-Marie Bornet portaient la tenue de représentation. Et à la sortie des cérémonies, dignement, la délégation a salué au garde à vous les cercueils et les familles des victimes. Un moment solennel et émouvant.

L’impuissance face au drame

Les deux cérémonies ont fait remonter les souvenirs du drame: «Nous nous sommes sentis impuissants face à ces enfants le soir de l’accident. Il y avait autant de vivants que de morts. Nous aurions aimé faire beaucoup plus. Nous avons trouvé plus fort que nous», confie Alain Rittiner mercredi matin avant la cérémonie laïque de Lommel. «Une petite fille m’a regardé pendant toute l’intervention. A la fin, elle a fermé les yeux et nous avons cru qu’elle était morte. Et quand nous sommes arrivés à elle, que nous l’avons désincarcérée, elle était vivante», continue Alain Rittiner qui restera marqué pour toujours par cette image.

Pour Christian Varone, c’est une autre enfant qui restera dans sa mémoire et dans son cœur: «Quand je suis arrivé dans le tunnel, on était en train d’extraire une jeune fille qui est décédée peu de temps après. Elle ressemblait à ma propre fille qui a le même âge. Lors de la cérémonie de Louvain, je lui ai dit au revoir à elle en particulier. J’ai pu voir sur la photo comme elle était épanouie et en pleine santé. Je ne l’oublierais jamais».

La délégation valaisanne a partagé la douleur des familles des victimes, adultes et enfants. Mais en même temps, le fait de voir les enfants survivants a permis de panser un peu la plaie de ce mardi 13 mars. Des regards ont été échangés. «Le regard d’une des fillettes était encore plus fort que celui que nous avons échangés le soir de l’accident», souligne Alain Rittiner.

 Lumière de la vie

Tous les intervenants ont fait preuve d’humilité, de modestie et de profondeur. Ces héros ne se sont pas rendu compte de l’extraordinaire exploit qu’ils ont accompli ce soir-là. Mais il me semble qu’à Louvain, ils ont commencé à réaliser le magnifique travail qu’ils avaient accompli en voyant les survivants. Pierre-Martin Moulin: «rend un vibrant hommage à tous les collègues de la sécurité pour tout ce qu’ils ont fait en trois jours, c’est incroyable. Ce sont des homme et des femmes qui ont un cœur qui bat».

Certains parents ont eux aussi remercié la délégation valaisanne. Et à leur passage, les regards de toutes les personnes présentes étaient admiratifs et reconnaissants. Des démonstrations émouvantes pour toute la délégation. «Revoir ces enfants blessés mais vivants nous a apaisé. Ça donne la force d’aller de l’avant. La vie continue, même si on restera marqués à vie par cette tragédie», s’émeut Christian Varone.

Visite aux survivants

Sur initiative d’Yves Zappellaz, de Reynold Favre et d’Alain Rittiner, la délégation s’est rendue à l’hôpital de Louvain pour rendre visite aux enfants encore hospitalisés. Les pompiers, les intervenants sanitaires et les médecins sont allés à leur chevet. Une suite logique pour eux comme le concède Jean-Pierre Deslarzes.

Cette halte leur a mis du baume au cœur et les a libérés. «On est allé voir plusieurs enfants. Dans une chambre, un garçon était seul, puis son papa est arrivé et il a craqué. On a pu se serrer dans les bras. Les parents ressentent quelque chose d’incroyable», constate Reynold Favre. Il ajoute: «J’avais besoin de ça pour avancer. Je devais finir par ça pour avoir un point positif». «J’étais venu pour faire une fin et là, on a fait un nouveau départ. On revient dans le monde des vivants», ajoute Alain Rittiner.

Suivi des médecins

Les médecins présents jeudi ont aussi été émus de revoir leurs patients. «Dans toute l’émotion de cette tragédie, le point positif est que tous les enfants blessés ont pu être sauvés et leur santé s’améliore à grande vitesse. C’est une grande satisfaction», explique, très touché, le Dr Philippe Eckert, directeur médical du CHCVS, le centre hospitalier du centre du Valais.

Le médecin-chef de la pédiatrie à l’hôpital de Sion, René Tabin, avait emporté avec lui les dossiers médicaux de ses jeunes patients pour voir l’évolution de leur état de santé. «C’est un plaisir de les voir, de voir que certains d’entre eux ont pu rentrer à la maison et certains ont même déjà repris l’école. Physiquement, les enfants vont bien, mais moralement c’est difficile», continue-t-il.

Les médecins de Louvain ont également souligné la qualité des soins prodigués en Suisse. La délégation valaisanne retransmettra tous ces messages et ces moments forts à tous les intervenants restés dans le canton.

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