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Drame de Sierre: notre émotion décortiquée par un psychologue

Le psychologue-analyste sédunois Alain Valtério décortique les mécanismes de nos émotions face à un événement d'une telle ampleur.

15 mars 2012, 15:19
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Après le drame de Sierre, les témoignages d’émotion se multiplient, aussi bien en Valais qu’en Belgique. 

«Les psychologues du vingtième siècle ont libéré les émotions du carcan dans lequel une certaine moralité les avait enfermées. Pour bon nombre d’entre eux, certaines perturbations psychiques résultaient de l’interdit qui empêchait une personne d’être touchée dans ses émotions par une situation de nature traumatisante», déclare le le psychologue-analyste sédunois Alain Valtério.

Aujourd’hui que «le droit d’être touché» est libéré, un autre interdit semble avoir été érigé: «celui de ne pas être touché, ou de ne pas l’être suffisamment». C’est l’impression que peuvent parfois nous donner ceux qui en font trop quand survient un drame comme s’il s’agissait pour eux de s’en servir pour afficher une certaine respectabilité, (ce qui n’a jamais été le cas ici)

Au lendemain du drame de Sierre, il est bien normal que chacun de nous se livre à sa petite introspection pour savoir jusqu’à quel point il est touché, sans oser reconnaître que parfois, il l’est moins que ceux qui déclarent «leur profonde tristesse» à la télévision. Que ce citoyen moyen se rassure, il n’est pas un autiste. Pas plus que les autres ne sont des hypocrites.

Les grands drames créent de la solidarité dans le groupe autour de leur épicentre. Voilà pourquoi les enfants de Somalie qui chaque jour sont abandonnés par leur mère dans le désert faute de pouvoir les nourrir nous touchent moins que ceux de Sierre. Ils sont trop loin de l’épicentre.

Aujourd’hui, si les Valaisans pleurent unanimement les enfants morts de Sierre, c’est moins par tristesse que pour être ensemble. Il n’en reste pas moins que si je ne suis pas aussi triste que je le montre, 22 enfants morts dans des conditions atroces, c’est infiniment triste. Et triste, tout le monde l’est…»

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