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Energie hydraulique: des milliards sont en jeu en montagne

Des dizaines de milliards de francs liés à la fin des concessions des centrales hydroélectriques sont en jeu.

08 janv. 2012, 08:50
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Derrière le jargon de «droit de retour» se cachent des dizaines de milliards de francs liés à la fin des concessions des centrales hydrauliques. En Valais avant tout, les communes divisées et le canton se disputent cet or bleu. Ils ont intérêt à s'entendre au plus vite face aux groupes d'électricité.

Le droit de retour prévoit qu'à l'expiration de la concession, la partie hydraulique, qui représente 65 à 80% des installations, revient gratuitement à la collectivité concédante (commune ou canton). Celle-ci peut reprendre la partie électrique moyennant une indemnité équitable.

La plupart des grandes centrales datant des années 1960 - il en existe une cinquantaine en Valais dont trois des quatre plus grandes de Suisse -, les concessions expireront dans 20 à 30 ans. Mais la question de leur renouvellement se pose aujourd'hui déjà.

15 à 20 milliards

Vu la libéralisation du marché de l'électricité et la fin programmée du nucléaire, les experts recommandent aux autorités valaisannes de trouver une solution avant fin 2013. Les discussions vont bon train depuis quelques temps dans le Vieux-Pays, sachant qu'entre 15 et 20 milliards sont en jeu, certes répartis sur de nombreuses années.

A l'extrême, les citoyens de Zwischenbergen et Eisten pourraient disposer de 1,5 million par personne en 2045. La loi actuelle donne au canton les droits pour les eaux du Rhône et aux communes concernées ceux pour les bassins versants.

Dans les autres cantons comme aux Grisons, canton et communes se partagent à part égale les indemnités. Mais le Conseil d'Etat vient de commander un rapport stratégique. Valais et Grisons fournissent à eux deux la moitié de l'énergie hydro-électrique de Suisse, ceux d'Argovie, Tessin, Uri et Berne se partageant l'essentiel du reste.

Plusieurs variantes

En Valais, les divers projets opposent les communes concédantes à celles ne disposant pas de rivière et qui n'attendent rien, avec le canton comme arbitre. Faut-il faire un pot commun et redistribuer? Le canton doit-il tout gérer? Ou une société mixte? Les rares cas qui se sont récemment présentés, sous le droit actuel, ont vu les communes renouveler la concession, notamment celles de la Vallée du Trient aux CFF pour plus de 300 millions de francs.

Aucun consensus ne s'est encore dégagé, constate Jean-Michel Cina, conseiller d'Etat valaisan en charge de l'économie. Mais une chose est claire pour tout le monde: au lieu de contrôler 20% des forces hydrauliques comme aujourd'hui, le Valais (canton et communes) doit à l'avenir en maîtriser 60%, a-t-il dit à l'ats.

Eau et réseau

Les groupes d'électricité comme Alpiq ou Axpo ne l'entendent pas de cette oreille. Si les uns ont des droits sur l'eau, les autres disposent du réseau de transport de l'électricité. Et l'un sans l'autre ne vaut rien, d'où l'obligation à terme de s'entendre. Or dans ce marchandage, les groupes ont des atouts.

Ils affirment d'abord que dans un marché international de l'électricité libéralisé, les pouvoirs publics n'ont pas les moyens ni l'expérience de rivaliser. Sans même parler de l'accès au réseau et de la complémentarité indispensable avec les autres énergies, solaire, éolienne ou nucléaire, seule à même d'assurer la couverture des besoins et une production rentable.

Risques à assumer

De plus, avec la fin prévue du nucléaire, les entreprises électriques sont appelées à investir dans l'hydraulique, dont la production devrait augmenter de 4 Terawattheures (+10%) selon la stratégie fédérale 2050. Avec l'incertitude liée au droit de retour, les électriciens sont tentés de geler leurs investissements, note Jörg Aeberhard, directeur de la production hydro-électrique chez Alpiq.

Les communes doivent se demander si elles ont les moyens et si elles veulent assumer seules le risque, explique-t-il. Il faut dire que les groupes électriques ont beaucoup à perdre. Les investissements ont été lourds et leur amortissement a donc duré. Ils ne veulent pas céder leurs installations au moment où elles vont rapporter le plus.

Solution commune

Dans l'esprit de Jean-Michel Cina, il n'est pas question de mettre les entreprises électriques hors-jeu. Mais le Valais doit obtenir davantage qu'aujourd'hui, sous une forme ou une autre. Zurich ou Genève sont des places financières, pourquoi le Valais ne deviendrait-il pas un centre de compétence de l'énergie hydro- électrique, demande-t-il.

Autres suggestions du ministre haut-valaisan: les électriciens pourraient créer des emplois en Valais. Alpiq se dit prêt à en étudier l'opportunité, selon M. Aeberhard.





 

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