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Enseignement: la question des langues étrangères divise plus que jamais

Alors que les cantons alémaniques refusent toute intervention de la Confédération dans la question des langues étrangères, les romands ne sont pas contre. Le temps presse.

11 oct. 2016, 09:45
Des initiatives populaires ont été lancées depuis quelques années dans différents cantons alémaniques pour reléguer le français au niveau secondaire. (illustration)

La question des langues étrangères à l'école divise plus que jamais les cantons. Les alémaniques refusent toute intervention de la Confédération. Les romands ne sont pas contre, si ensemble, ils n'arrivent pas à se mettre d'accord. Le temps presse.

En 2004, les cantons se sont entendus pour l'enseignement de deux langues étrangères à l'école primaire: la première dès 8 ans (5e année Harmos), la deuxième dès 10 ans (7e Harmos). L'une des deux doit être une deuxième langue nationale, le français pour les Alémaniques et l'allemand pour les Romands. Le concordat Harmos, contraignant à l'échelle suisse, a repris cette stratégie.

Frühfranzösisch, non merci

Mais cette harmonisation a du plomb dans l'aile. Des initiatives populaires ont été lancées depuis quelques années dans différents cantons alémaniques pour reléguer le français au niveau secondaire. Huit cantons (TG, AI, AR, BL, GL, NW, SZ, ZG) ont appelé dans une lettre la Conférence des directeurs de l'instruction publique (CDIP) à s'opposer à toute intervention de la Confédération, et de fait à déroger à l'harmonisation scolaire.

Devant l'incapacité des cantons à se raisonner, la Confédération a décidé d'intervenir. Le Département d'Alain Berset menace d'inscrire noir sur blanc dans la loi fédérale l'obligation d'enseigner dès le primaire la deuxième langue nationale. Trois variantes très proches ont été mises en consultation jusqu'à la fin de cette semaine.

Röstigraben

Hormis les Grisons et le Tessin, qui ont des régimes particuliers, 11 cantons alémaniques, à l'exception de Lucerne et Schaffhouse, rejettent les propositions de la Berne fédérale. Il est inacceptable que la Confédération empiète sur les compétences cantonales, clament-ils en chœur.

Intervention disproportionnée, écrit Glaris; prématurée, pour Zurich; loi actuelle suffisante, selon Uri. St-Gall, Schwyz, Obwald, Nidwald, Appenzell Rhodes-extérieures n'avaient pas encore transmis leur position mardi.

Côté romand, le ton est plus nuancé: certes, il vaudrait mieux que les cantons s'arrangent entre eux. Mais, vu les tendances observées outre-Sarine, la Confédération "doit préparer des outils permettant d'éviter que quelques cantons isolés puissent remettre en cause les travaux de la majorité qui représente plus de 90% des élèves de la Suisse", écrit Vaud.

Vingt-deux cantons ont introduit pour 2015/16 le modèle Harmos 5/7. La situation est identique pour l'année scolaire en cours. Genève, Jura et Neuchâtel sont sur la même longueur d'onde. Le Valais et Fribourg, bilingues, rejettent la pression de la Confédération, mais défendent clairement le principe de deux langues étrangères dès l'école primaire, avec priorité à la langue nationale.

Referendum in fine?

"Il faut que la menace fédérale pousse à la concordance ", explique Olivier Maradan, secrétaire général de la Conférence intercantonale de l'instruction publique de la Suisse romande et du Tessin (CIIP). Reste à savoir si le bâton brandi par Alain Berset suffira à faire plier les cantons récalcitrants.

Accepter de transmettre le bébé au Parlement fédéral sonnerait comme une épreuve de force, laissent entendre Appenzell Rhodes-Intérieures et Zoug. Les cantons pourraient compter sans doute sur le Conseil des Etats, qui les représente. Voire sur un référendum qui ouvrirait alors un "débat houleux" sur la cohésion nationale, prédit Olivier Maradan.

 

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