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Environ 5 tonnes de cocaïne par année dans le nez des Suisses, selon une étude

Les Suisses consommeraient 5 tonnes de cocaïne par an, selon une étude. Pour le seul canton de Vaud, l'estimation est de 377 et 461 kg par an, avec un chiffre d'affaires de quelque 50 millions de francs.

12 juil. 2018, 07:30
Les consommateurs occasionnels, qui en prennent par exemple seulement certains week-ends, représentent 80% des usagers mais ne consomment qu’environ 20% du total.

La cocaïne représente à elle seule quatre cinquièmes du marché des stimulants illégaux dans le canton de Vaud, avec un chiffre d'affaires de quelque 50 millions de francs. C'est le constat du deuxième volet de l'étude MARSTUP menée par trois instituts de recherche.

Deux méthodes indépendantes, basées sur l’évaluation du nombre d'usagers et sur l'analyse des eaux usées, ont permis de premières estimations de la quantité de cocaïne consommée dans le canton de Vaud, soit respectivement 377 et 461 kg par an.

En ajoutant les saisies de la police, soit environ 39 kg, on obtient des quantités en circulation de l’ordre de 416 et 500 kg par an, ont indiqué jeudi Addiction Suisse, l'Ecole des sciences criminelles de l'Université de Lausanne et l'Institut universitaire de médecine sociale et préventive du CHUV, partenaires du projet MARSTUP (Structure et produits du marché des stupéfiants).

En extrapolant ces chiffres, le marché suisse pourrait représenter cinq tonnes de cocaïne par an. Pour le canton de Vaud, le chiffre d’affaires est estimé entre 47 et 57 millions de francs, pour un revenu situé entre 28 et 39 millions de francs.

Demande forte mais hétérogène

La taille du marché de la cocaïne reflète la forte demande émanant de différentes catégories d’usagers, selon les auteurs. Les consommateurs occasionnels, qui en prennent par exemple seulement certains week-ends, représentent 80% des usagers mais ne consomment qu’environ 20% du total.

A l’inverse, les usagers réguliers, qui comptent des individus marginalisés mais aussi des personnes dont la consommation de cocaïne a envahi la vie professionnelle et sociale, représentent 20% des usagers, mais consomment 80% du total.

Le marché de la cocaïne est aussi caractérisé par la diversité des trafiquants. Les réseaux les plus importants et visibles sont ceux d’Afrique de l’Ouest (Nigeria, Guinée, etc.). Leur activité repose sur différents facteurs (absence de perspectives au pays et en Europe, facilité d’entrée dans le marché, solidarité, perspectives de revenus croissants), ainsi qu’une organisation souvent flexible.

La loterie du produit

Ces caractéristiques, ainsi que la pression migratoire dont ils s’alimentent, rendent ces réseaux résistants. Des personnes originaires d’Amérique latine, des Balkans, de pays de l’UE, ainsi que des Suisses sont toutefois aussi actifs dans la cocaïne.

L’analyse des saisies policières et les informations fournies par les consommateurs renvoient à un marché incertain dans lequel les quantités vendues sont généralement inférieures à celles promises.

Le taux de pureté, situé entre 40% et 50%, peut fortement varier et les produits de coupage - dont certains sont toxiques - sont combinés de multiples façons. Dans de nombreux cas, le consommateur ne sait pas vraiment ce qu’il achète, soulignent les chercheurs.

Le rôle prépondérant des usagers

Si le marché de la cocaïne est en grande partie alimenté par des non-consommateurs, ceux des autres stimulants (ecstasy, amphétamine, méthamphétamine) reposent souvent sur des importations faites par des consommateurs locaux. Le plus souvent depuis les Pays-Bas, la Belgique ou la République Tchèque.

L’ecstasy, drogue de fin de semaine par excellence, constitue le marché le plus important avec un volume en circulation estimé de 61 à 82 kg et un chiffre d’affaires de l’ordre de 3,7 à 5,1 millions de francs par an.

La méthamphétamine reste jusqu’ici encore un marché de niche avec un volume en circulation de 8 à 12 kg et un chiffre d’affaires de 2,3 à 3,7 millions de francs par an. Les estimations pour l’amphétamine sont moins précises, suggérant une position intermédiaire entre ecstasy et méthamphétamine.

Des prix souvent bas

Même si les prix peuvent fortement varier, l'étude constate que, hormis pour la méthamphétamine, le prix des stimulants, comme celui de l’héroïne, est généralement assez bas: de 15 à 20 francs la dose.

Ces prix reflètent les évolutions du marché des stupéfiants au niveau international, mais sans doute aussi l’importante offre de ces substances en Suisse et dans le canton de Vaud, selon les conclusions des scientifiques.

C'est la première fois en Suisse que trois instituts de recherche étudient de manière interdisciplinaire un marché local des stupéfiants. L'étude combine des méthodes comme l'analyse des eaux usées ou des résidus provenant de seringues usagées, avec des interviews de policiers et d'usagers de drogue.

Après le marché des opioïdes, dont les résultats ont été publiés l'an dernier, et celui des stimulants, ce sera au tour du marché du cannabis d’être étudié.

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