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Fêtes de fin d'année: dans le canton de Glaris, des citoyens réclament le droit de danser

Sortir danser le soir de Noël ou de Vendredi Saint? Dans le canton de Glaris comme dans encore une poignée d'autres en Suisse, c'est interdit. Un groupe de citoyens glaronnais veut abolir cette règle ancienne héritée du christianisme.

25 déc. 2018, 10:07
À Glaris, les habitants réclament le droit de danser.

C'est écrit noir sur blanc dans la loi glaronnaise sur les jours fériés: à Noël, Vendredi-Saint, Pentecôte ainsi que lors du dimanche de Pâques et du Jeûne fédéral, les manifestations dansantes, musicales ou même sportives sont proscrites. Les boîtes de nuit doivent rester closes pour ne pas troubler le repos religieux. Les fêtes à la maison sont permises, à condition de ne pas être trop bruyantes.

"Ces jours-là, notre canton semble éteint", déplore Martin Jenny. Cet informaticien de 40 ans actif dans le milieu culturel et membre du PLR coordonne les activités du Comité pour l'abolition de l'interdiction de danser. Ce dernier regroupe des personnes issues de la culture, de la restauration et de différents partis.

Le 30 juillet dernier, le comité a soumis au parlement une initiative à l'intention de la Landsgemeinde. Il veut donc gommer de la loi l'interdiction de danser, mais aussi d'organiser des manifestations sportives ou encore des spectacles de cirque.

"A chacun de décider"

"Il n'est de nos jours plus possible d'expliquer pourquoi il est interdit de danser ou de faire la fête durant des jours fériés religieux", indique le texte. "A chacun de décider s'il veut se rendre à la messe ou à une fête durant la Pentecôte."

Un autre argument est avancé: celui du porte-monnaie. Pour le comité, la liberté économique du secteur de la restauration, déjà en difficulté, est entravée. Les jeunes vont s'amuser ailleurs, ce qui représente un manque à gagner pour le canton de Glaris.

La loi est en outre appliquée de manière toujours plus stricte, dénonce Martin Jenny. "Cette année, la police cantonale a écrit aux exploitants de lieux culturels et de divertissement pour leur signifier que l'interdiction s'appliquait également aux soirées précédant et suivant les principaux jours fériés religieux."

Contre-projet du gouvernement

Le gouvernement cantonal vient de formuler un contre-projet à la proposition du comité. Il est d'accord pour autoriser les manifestations dansantes ou sportives durant les jours fériés concernés, mais uniquement en intérieur afin d'éviter les nuisances.

Martin Jenny dit "pouvoir vivre" avec cette solution. Le comité en discutera au début janvier. Le parlement glaronnais traitera aussi du projet à ce moment-là. Il pourrait ensuite être soumis à la Landsgemeinde en mai 2019. En cas d'approbation, l'entrée en vigueur de la nouvelle législation se ferait le 1er juillet 2019.

Hostilité de l'Eglise réformée

Les "danses du peuple" ont été réglementées en Suisse - et ailleurs en Europe - dès le Moyen-Age par des "Mandats sur les moeurs", selon le Dictionnaire historique de la Suisse. A Zurich, en 1370, il était ainsi uniquement permis de danser le jour de l'An, à Mardi gras, les jours de marché et à la fête patronale.

Après la Réforme, la danse fut tolérée comme coutume dans les régions catholiques, alors que l'Eglise réformée y fut hostile. Ceux qui outrepassaient l'interdiction risquaient des amendes, la prison et même "le salut de leur âme".

Ce n'est que récemment que certains cantons helvétiques ont commencé à se montrer plus permissifs. Dans celui de Zurich, il a fallu attendre 2000 pour pouvoir se trémousser en boîte de nuit à Noël (ou aller au cinéma). En terres lucernoises, cette proscription, en vigueur depuis 1428, a été levée en 2010.

Röstigraben

Selon un décompte de Keystone-ATS, des interdictions d'organiser des manifestations dansantes ou "de nature non religieuse" existent encore dans neuf cantons: Glaris, Argovie, Grisons, Obwald, Schaffhouse, Uri, Thurgovie, Appenzell-Rhodes Intérieures et St-Gall (uniquement si plus de 500 personnes dans le canton de St-Gall). Une marge de manoeuvre est parfois laissée aux communes, comme en Argovie ou dans les Grisons.

Dans le canton de Neuchâtel, la disposition empêchant de mettre sur pied une "danse publique" le Vendredi-Saint et à Noël a été abrogée l'an dernier. Il s'agissait du dernier canton romand à connaître un tel régime.

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