Même mort, Fidel Castro continue de diviser. Chef providentiel ou bourreau impitoyable, homme d’action et étatiste hétérodoxe, stratège machiavélique et orateur roi de l’improvisation, Robin des Bois ou Grand méchant loup, le Líder Máximo n’a jamais laissé indifférent. Y compris en Suisse.
La diplomatie helvétique suivait déjà Fidel Castro quand il n’était encore qu’un jeune juriste luttant contre la dictature cubaine. En 1953, à la suite de l’échec de l’attaque de la caserne de la Moncada, à Santiago de Cuba, Ernst Schlatter, l’ambassadeur de Suisse à La Havane, informa le Département politique fédéral (DPF, devenu depuis les Affaires étrangères) de l’arrestation de ce «technicien de la révolution» et «principal responsable des troubles sanglants». Peu auparavant, le même diplomate avait accompagné Charles Souviron, directeur de Credit Suisse Zurich, dans le bureau du chef de l’Etat cubain Fulgencio Batista pour lui présenter les vertus du système bancaire suisse, ainsi qu’un projet d’accord...