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France voisine: le "snowfarming", une alternative pour les stations

Le "snowfarming" est une technique ancestrale de recyclage de la neige. Elle a séduit quelques stations alpines françaises confrontées aux imprévus de la météo et à la hausse des température.

25 avr. 2019, 13:39
Le principe du snowfarming: la neige est amassée à proximité des pistes, puis recouverte de sciure ou d'une bâche jusqu'à l'entame de la saison suivante. (Illustration)

La pratique est largement répandue dans les pays nordiques. Le recyclage de la neige d'une saison sur l'autre dans les domaines skiables, ou snowfarming, a convaincu une poignée de stations alpines françaises désireuses d'être moins exposées aux aléas climatiques.

Le principe est simple. La neige est amassée durant l'hiver à proximité des pistes, parfois dans des trous creusés dans le sol, puis recouverte de sciure ou d'une bâche jusqu'à l'entame de la saison suivante.

Pertes faibles

Protégée des chaleurs estivales, la neige stockée peut être réutilisée en début de saison en sous-couche durant la préparation des pistes. La neige ainsi accumulée se conserve bien puisque les pertes sont de l'ordre de 20%.

 

 

Dans la plupart des cas, l'or blanc conservé est produit artificiellement au cours de la saison. La neige de culture, plus dense, fond en effet moins facilement.

Technique ancestrale

"C'est une technique ancestrale qu'on ne fait que raviver. Sur un début d'hiver incertain, on s'assure une quantité de neige certaine. Et ça n'a pas de prix", souligne Jean Bourcet, directeur des remontées mécaniques du Grand Bornand, en Haute-Savoie.

"C'est une solution d'appoint intéressante quand la configuration du domaine skiable s'y prête. Elle a vocation à se multiplier car il s'agit d'une pratique vertueuse", estime Laurent Reynaud, directeur de Domaines skiables de France.

Sécuriser les évènements

Dans les Alpes, plusieurs stations ont tenté l'expérience. Elles y sont poussées par l'impératif de sécuriser des évènements programmés en début de saison, alors que les températures ne permettent pas encore la production de neige artificielle.

C'est le cas au Grand Bornand. La station doit garantir chaque année à la fédération internationale de biathlon le stockage de 16'000 mètres cubes de neige pour obtenir l'organisation d'une épreuve de la coupe du monde.

Bas de la station

Deux enneigeurs sont exclusivement dédiés à la constitution d'une réserve nichée à 1400 mètres d'altitude dont la capacité totale a été portée à 40'000 m3. Soit l'assurance de pouvoir pré-enneiger "dix à douze" kilomètres de pistes.

 

 

"Ce mode de gestion pérenne nous permet d'enneiger rapidement des circuits de retours essentiels dans la partie basse de la station. Ensuite, il n'y a plus qu'à produire un peu de neige par-dessus", détaille Jean Bourcet.

Ski nordique

Depuis l'automne dernier, la petite station de Bessans, située en Savoie à 1800 mètres d'altitude, a également vu en cette technique un moyen d'ouvrir très tôt une boucle de son domaine, exclusivement dédié au ski nordique.

Son maire, Jérémy Tracq, explique pourquoi il a finalement adopté le snowfarming, envisagé une première fois en 2008. Il a été convaincu par la baisse des coûts et par la récurrence de "débuts d'hiver compliqués".

Baisse des coûts

La station a déposé un peu moins de 7000 m3 de neige sur un carré de prairie afin d'ouvrir une boucle de ski de fond de 1,5 kilomètre durant les dernières vacances de la Toussaint. Coût de l'opération: entre 10'000 (11'400 francs) et 12'000 euros.

"C'est raisonnable. Il y a dix ans, c'était 100'000 euros en investissement et en fonctionnement. Le plus onéreux, c'est l'achat de la sciure, sachant toutefois qu'elle se régénère d'une année sur l'autre", explique M. Tracq.

Eco-compatible

L'élu affirme que l'expérience va être reconduite. La capacité de stockage sera portée à 15'000 m3 afin de permettre l'ouverture à l'automne prochain de trois kilomètres de pistes.

Pour Samuel Morin, chercheur à Météo France et directeur du Centre d'études de la neige, le snowfarming offre plusieurs caractéristiques éco-compatibles: des dépenses en énergie "peu élevées" pour rassembler la neige et un impact "très faible" sur cycle de l'eau, compte-tenu des volumes stockés.

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