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Greenpeace critique la distribution d'iode

Cette année, cinq millions de personnes vivant dans le périmètre des centrales nucléaires ont reçu les traditionnels comprimés d'iode. Une distribution violemment remise en question par Greenpeace.

28 oct. 2014, 12:08
Près de 5 millions de personnes habitant dans un rayon de 50 km autour d'une centrale nucléaire suisse vont recevoir des comprimés d'iode et du matériel d'information par la poste d'ici à fin novembre.

Trop limitée géographiquement, accompagnée d'informations lacunaires, et même porteuse d'un message trompeur: Greenpeace tire à boulets rouges sur la distribution de comprimés d'iode qui a débuté lundi en Suisse. Et saute sur l'occasion pour réitérer son appel à l'arrêt des centrales nucléaires.

Tous les dix ans, la Confédération fait parvenir gratuitement aux ménages vivant dans le périmètre des centrales helvétiques des comprimés d'iode offrant une protection en cas d'accident nucléaire. Cette année, près de 5 millions de personnes résidant dans un rayon de 50 km autour des centrales - au lieu de 20 km précédemment -, sont concernées, a rappelé mardi devant la presse à Berne Florian Kasser, chargé de la campagne nucléaire chez Greenpeace Suisse.

S'il salue cette extension du périmètre de distribution (décidée par le Conseil fédéral suite à la catastrophe de Fukushima), l'écologiste estime qu'elle n'est pas suffisante. En cas de vent défavorable, les effets d'un accident nucléaire pourraient se faire sentir bien au-delà. Dès lors, "toute la Suisse devrait être couverte" par l'opération de distribution.

En Allemagne aussi

Certes, les cantons situés en dehors du rayon de 50km possèdent des stocks centralisés de comprimés d'iode. "Mais sait-on s'ils seraient capables de les distribuer rapidement à leur population?", s'interroge Florian Kasser.

Autre faiblesse du concept fédéral de distribution de comprimés d'iode, qualifié d'"absurdité criante" par Greenpeace: les personnes résidant dans le sud de l'Allemagne, "à l'ombre de la tour de refroidissement de la centrale de Leibstadt", ne bénéficient pas des précieuses pastilles.

Balayant l'argument selon lequel la protection des voisins allemands n'est pas du ressort de la Suisse, M. Kasser estime que "les autorités des deux pays devraient être capables de s'entendre à ce sujet". Actuellement, les responsables du grand voisin misent plutôt sur une gestion centralisée de l'iode que sur des envois individuels. A titre de comparaison, la France applique le même système que la Suisse, en limitant le rayon de distribution à 10km.

Protection limitée

La distribution d'iode aux Suisses ne pèche pas que par sa limitation géographique, selon les écologistes. "Il est certes utile de garder chez soi des comprimés à prendre en cas de catastrophe", admet Alfred Weidmann, membre de la direction des Médecins en faveur de l'environnement. Reste que "leur prise doit avoir lieu rapidement", ce qui impliquerait d'avoir toujours ces médicaments à portée de main.

Autre doléance exprimée mardi par le praticien: "les comprimés d'iode permettent uniquement de lutter contre le cancer de la thyroïde". Cette substance ne résout donc pas le problème des autres atteintes dues aux radiations. Dans ce contexte, "la déclaration officielle selon laquelle la prise de comprimés est une bonne mesure de protection en cas d'accident nucléaire est trompeuse".

Abondant dans le même sens, Florian Kasser estime que les autorités helvétiques se contentent d'offrir une solution incomplète aux citoyens, sans l'assortir d'une communication spécifique sur les autres mesures à prendre en cas de catastrophe. Autant de "limites qui mettent en évidence un grand paradoxe", à savoir reconnaître le risque d'accident nucléaire (en élargissant le périmètre de distribution des comprimés) tout en n'offrant pas de réponse.

Sans surprise, Greenpeace Suisse et les Médecins en faveur de l'environnement estiment que la seule solution efficace pour protéger les citoyens helvétiques est l'arrêt pur et simple des centrales nucléaires. Une campagne en ce sens a été lancée mardi.

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