Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Importation: querelle autour du traitement de faveur pour la viande assaisonnée

Le cas particulier de l'importation de la viande assaisonnée divise en Suisse. Si Gastrosuisse est satisfait de la situation actuelle, les paysans réclament la suppression de cette "faille douanière".

11 mars 2015, 12:29
Il existe une nouvelle réglementation pour l'importation de la viande.

Le traitement de faveur accordé aux importations de viande assaisonnée ravit Gastrosuisse, mais ne plaît pas aux paysans, qui demandent la suppression de cette "faille douanière". Les seconds bénéficient notamment du soutien de l'UDC, ainsi qu'il ressort de la consultation qui arrive à échéance jeudi.

Pour les producteurs suisses, les importations de viande assaisonnée à des tarifs douaniers plus bas sont "très problématiques", écrit l'Union suisse des paysans (USP) dans sa réponse. Les volumes importés ont tellement augmenté qu'ils ont une influence négative sur le marché suisse de la viande.

L'USP évoque également l'argument financier des pertes pour la Confédération engendrées par ce taux préférentiel. Selon elle, elles se chiffrent en dizaines de millions de francs. C'est l'ancien président de l'USP, le conseiller national Hansjörg Walter (UDC/TG), qui avait déposé en 2010 une initiative parlementaire ayant débouché sur la présente consultation.

Îlot de cherté

GastroSuisse à l'évidence est d'un avis diamétralement opposé: la faîtière des hôteliers et restaurateurs dit ne pas comprendre pourquoi de telles préparations devraient être plus taxées.

Les coûts dans la branche sont déjà comparativement élevés et de nouveaux obstacles douaniers ne feraient qu'affaiblir sa capacité concurrentielle et "cimenter l'îlot de cherté suisse". A plus forte raison dans le contexte du franc fort, a précisé Gatrosuisse à l'ats.

L’Union professionnelle suisse de la viande (UPSV) est plus nuancée. Elle relève certes que les taux préférentiels suscitent une incompréhension croissante mais note qu'une hausse unilatérale pourrait s'avérer problématique en regard de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), avec d'éventuelles contre-mesures punitives.

Viande séchée bon marché

En outre, selon l'UPSV, la branche profite de ces taux bas, qui lui permettent par exemple de proposer aux grands distributeurs de la viande séchée de boeuf à bon marché. Si les tarifs étaient relevés, les produits finis de la concurrence étrangère, comme la "bresaola", deviendraient plus concurrentiels, ce qui pourrait faire perdre des emplois en Suisse.

L'USP est soutenue par l'UDC. Le parti avait appuyé en 2013 l'initiative parlementaire de Hansjörg Walter, tout comme le PDC, le PBD et un bon tiers du PLR.

Ce dernier se prononce maintenant contre cette modification des tarifs douaniers. Il craint comme l'UPSV des mesures de rétorsion de certains membres de l'OMC concernés par cette problématique.

Selon Suisseporcs par contre, les risques qu'un partenaire commercial intervienne au niveau international sont faibles. L'organisation des éleveurs porcins soutient sans réserve la mise en oeuvre de l'initiative parlementaire. Elle demande que non seulement le boeuf et le veau soient pris en compte, mais aussi le porc assaisonné, importé en grandes quantités, selon elle.

Un serpent de mer

Cette bisbille autour de la viande assaisonnée occupe la politique suisse depuis de longues années. L'Administration fédérale des douanes avait empoigné le problème en 2010, précisant que les droits réduits ne concernent plus les produits pour lesquels les substances aromatisantes ne pénètrent pas ou peu dans la viande.

Il s'agit des produits simplement poivrés par exemple, susceptibles d'être lavés, mais aussi des baies de genièvre entières, clous de girofle, feuilles de laurier ou branches de romarin. La viande dont l'assaisonnement est réalisé en profondeur ou sur la totalité de sa surface, qui est perceptible à l'oeil nu ou nettement au goût, bénéficie en revanche toujours d'un droit de douane réduit.

Le fou rire de Hans-Rudolf Merz

En septembre 2010, le ministre des finances de l'époque Hans-Rudolf Merz avait même été pris d'un fameux fou rire à l'heure des questions au Conseil national. Il a eu de la peine à finir de lire la réponse de l'administration à une question de Jean-Pierre Grin (UDC/VD), qui s'indignait de la hausse des importations de viande assaisonnée.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias