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L'abandon des antibiotiques dans l'élevage demandé

La Commission fédérale d'experts pour la sécurité biologique (CFSB) a demandé que les antibiotiques soient exclus de la production alimentaire suisse.

23 nov. 2014, 17:23
Une vache de la race montbeliarde mange du foin dans l'etable en stabulation libre de l'exploitation agricole du paysan Jean-Yves Leuenberger ce jeudi 11 octobre 2012 a Corcelles-pres-Concise, Vaud. Suite a la revision de l'ordonnance sur la protection des animaux, les exploitations d'engraissement de veaux seront ainsi chargees de fournir aux veaux du fourrage grossier tel que du foin en plus du lait et des produits derives de lait. Suite a cela la viande de veau sera rose a rougeatre a l'avenir. (KEYSTONE/Laurent Gillieron)

La Commission fédérale d'experts pour la sécurité biologique (CFSB) exige que la production alimentaire suisse soit totalement exempte d'antibiotiques. Elle entend ainsi prévenir la propagation des germes résistants aux antibiotiques.

Ces superbactéries représentent "la plus grande menace biologique pour la santé de la population suisse", estime la commission dans son dernier document stratégique publié par la "SonntagsZeitung" et "Le Matin Dimanche", que l'ats a pu se procurer. Elle préconise l'introduction d'une étiquette spéciale pour la production de viande sans antibiotique et des subventions à de telles filières.

Le problème figure en tête de liste des priorités de la Confédération. Plusieurs offices fédéraux planchent sur une stratégie, qui doit être prête pour fin 2015. Celle-ci touchera autant l'humain que les animaux, l'agriculture et l'environnement.

Interdiction des antibiotiques

L'utilisation d'antibiotiques pour favoriser la croissance et la performance est déjà interdite en Suisse depuis 1999. La CFSB propose maintenant une interdiction généralisée des antibiotiques dans la production alimentaire, selon son papier stratégique.

Le comité d'experts recommande donc d'appliquer de nouvelles mesures dans l'agriculture et l'élevage: au lieu de soigner, il faut miser sur la prévention, notamment en privilégiant des espèces robustes, des formes d'élevage saines, ou en renonçant à mélanger les troupeaux de différentes exploitations.

UE: 25'000 décès par an

Plus on utilise d'antibiotiques, moins ceux-ci ont d'effets sur les bactéries, dont certaines sont sources de maladies graves, voire mortelles avant la découverte de la pénicilline. Le phénomène est particulièrement marqué dans les hôpitaux, mais aussi dans les fermes qui pratiquent l'engraissement de bovins.

Cette évolution peut avoir des conséquences fatales. Selon une estimation des autorités de l'Union européenne (UE), le nombre de décès dans les pays membres en lien avec des infections aux bactéries résistantes s'est élevé à 25'000 en 2009.

En Suisse, on ne dispose que d'estimations limitées aux maladies nosocomiales. Selon le groupe d'experts SwissNoso, quelque 2000 patients meurent chaque année parce que les antibiotiques n'ont pas eu d'effets.

Les porcs aussi touchés

La commission d'experts n'est pas seule à tirer la sonnette d'alarme. Le Conseil national s'en préoccupe aussi. Il a ainsi introduit une mesure dans ce sens lors de la révision de la loi sur les produits thérapeutiques.

Le Conseil fédéral doit avoir la compétence de réduire l'usage d'antibiotiques en médecine vétérinaire. Le Conseil des Etats se penchera sur la révision de cette loi pendant la session d'hiver qui débute ce lundi.

La vente d'antibiotiques vétérinaires a certes pourtant déjà diminué ces dernières années. En 2013, près de 53'000 kg ont été prescrits au bétail, selon l'Office vétérinaire fédéral. Mais dans le même temps, le germe multirésistant SARM s'est propagé dans le cheptel porcin suisse, souligne l'office dans un rapport.

Producteurs: proposition peu réaliste

La proposition n'est pas bien accueillie du côté des producteurs. "Difficile d'imaginer ne pas donner un antibiotique à un animal qui souffre", a expliqué à l'ats Markus Ritter, président de l'Union suisse des paysans (USP). Le propriétaire ne pourra pas non plus supporter de voir son animal se tordre de douleur.

La commission d'experts ne le souhaite pas non plus. "Au lieu de traiter les animaux avec des antibiotiques, il faudrait les mener à l'abattoir", explique Urs Klemm, membre de la commission et ancien vice-directeur de l'Office fédéral de l'agriculture, dans les deux journaux.

Les humains comme les animaux ont besoin d'être soignés grâce aux antibiotiques, plaide-t-il. En revanche, il s'agit d'utiliser parcimonieusement ces médicaments".

Il défend le projet d'une banque de données concernant la prescription d'antibiotiques, contenue dans la révision de la loi sur les produits thérapeutiques: "cela permettra de savoir ce qui a été utilisé, en quelle quantité et dans quel lieu." Le président de l'USP estime aussi que, dans les premiers stades de la maladie, les propriétaires d'animaux devraient recourir dans la mesure de leurs moyens, à des soins les plus naturels possible.

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