"Bonjour, je m'appelle Bénédicte* et je suis outremangeuse anonyme. Cette semaine, je n'ai pas toujours été sobre, mais j'ai pu me contenter d'une seule assiette." La phrase est lâchée par une jeune femme corpulente, au regard pénétrant, mais rivé à la bouteille d'eau posée devant elle. Elle le dit, elle le déballe, elle le jette d'un ton qui se veut ferme, mais il s'insinue dans la voix une nuance de confession douloureuse. Un trait blessant comme un aveu de culpabilité qui trahirait peut-être les mots préparés à l'avance, tournés et retournés dans la tête.
Mais dans le cadre de cette réunion lausannoise des Outremangeurs anonymes, ces mots lestés de signification, ces mots qui pèsent en énergie, coûtent en volonté, ces mots qui s'acquittent parfois en hontes dépassées et se paient de petites victoires sur soi-même, ces mots peuvent être prononcés, assumés, revendiqués.
Ils sont accueillis dans une solidarité bienveillante, dans...