Le principe d'un salaire égal pour un travail de valeur égale n'est pas suffisamment appliqué en Suisse, relève un rapport, qui fait le point sur l'action du Conseil fédéral dans ce domaine depuis 15 ans. Le gouvernement devrait annoncer des mesures d'ici la fin de l'année.
Un niveau de formation plus élevé, une présence plus forte sur le marché du travail, l'obtention du congé maternité et la possibilité d'avorter figurent au chapitre des réalisations, a relevé dans un communiqué jeudi Sylvie Durrer, directrice du bureau de l'égalité entre femmes et hommes. A cela s'ajoutent le développement de l'accueil extrafamilial des enfants, les allocations familiales et la pénalisation de la violence domestique.
En revanche l'égalité salariale ne progresse pas suffisamment. La différence de salaire entre femmes et hommes s'est même remise à augmenter légèrement, pour passer à 18,9%, rappelle l'Union syndicale suisse, qui réagit à la publication du rapport. A cause de la discrimination salariale, les femmes perdent ainsi 7,7 milliards de francs par an.
Un million de femmes actives concernées
Ce sont elles aussi qui, à leur retraite, paient une deuxième fois cette perte "illégale" en touchant des rentes trop faibles. Plus d'un million de femmes professionnellement actives sont concernées.
Pour la centrale syndicale, le Conseil fédéral doit imposer l'égalité salariale via une autorité de contrôle. Or le gouvernement doit annoncer d'ici la fin de l'année les mesures qu'il entend prendre, a confirmé jeudi le Département de Simonetta Sommaruga.
Pour rappel, fin 2013, le Conseil fédéral avait pris acte de deux études sur l'égalité salariale. La première passait en revue les mesures prises à l’étranger en la matière, la seconde mettait en lumière des instruments envisageables pour permettre des contrôles étatiques et instaurer l’égalité.
De plus, le dialogue sur l’égalité des salaires avec les entreprises n’a pas porté ses fruits: seules 42 d'entre elles y prenaient part au début du mois de décembre 2013, alors que le projet tablait sur la participation de 100 entreprises à fin février 2014.
Difficile rapport au pouvoir
Outre l'inégalité salariale, le rapport du Bureau de l'égalité relève d'autres domaines qui stagnent. Concilier une vie de famille avec le travail reste difficile, le nombre de femmes en politique a peu bougé depuis 2007 tandis qu'elles restent aussi sous-représentées dans les postes de direction d'entreprises. Enfin la violence domestique reste importante tandis que les choix professionnels restent très stéréotypés.
Le Conseil fédéral a lancé son Plan d'action "Egalité entre femmes et hommes", dont le rapport publié jeudi fait le bilan, quatre ans après la dernière Conférence de l'ONU sur les femmes à Pékin en 1995. L'égalité est un principe qui guide l'action de la Suisse en politique intérieure mais aussi en politique extérieure, rappelle le rapport.
Ce document de 118 pages a été élaboré sur mandat du Département fédéral de l'intérieur et du Département fédéral des affaires étrangères. Elaboré sous l'impulsion de l'ancienne conseillère nationale Josianne Aubert (PS/VD), il servira aussi de base pour une évaluation de l'ONU en 2015, 20 ans après la conférence de Pékin.