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L'initiative contre la dissimulation du visage est prête

Le texte de l'initiative populaire contre la dissimulation du visage est connu. Il est notamment soutenu par des membres de l'UDC, de l'UDF, de la Lega et des Démocrates suisses.

29 sept. 2015, 13:45
Personne ne devrait avoir le droit de se couvrir le visage dans l'espace public.

Les opposants à la burqa et à toute dissimulation du visage dans l'espace public rongent leur frein. En attendant l'aval de la Chancellerie fédérale, la droite dure, sous la direction du Comité d'Egerkingen, se prépare à récolter des signatures pour son initiative.

La proximité des élections fédérales n'est pas étrangère à la tenue d'une conférence de presse mardi à Berne. "Ca peut aider", a lancé l'UDC valaisan Oskar Freysinger, se réclamant le droit de thématiser ce sujet comme les Verts l'ont fait avec Fukushima en 2011.

Discussion au Parlement

Le lancement de l'initiative populaire a déjà été annoncé en début d'année. Un long "travail de préparation" a suivi. Selon M. Freysinger, il s'agissait de connaître le sort d'une initiative parlementaire analogue lancée par Walter Wobmann (UDC/SO).

Celle-ci a pour l'instant passé de justesse (11 voix contre 10 et 2 abstentions) la rampe de la commission compétente du Conseil national. Si le Parlement devait légiférer dans le sens de l'initiative populaire fédérale, cette dernière pourrait être retirée. Mais les initiants ne se font pas beaucoup d'illusion sur les chances de succès de la proposition de Walter Wobmann aux Chambres.

Tout est prêt

En attendant, le texte de l'initiative populaire, inspirée de celle acceptée par 65,4% des Tessinois en 2013, est connu. Personne ne devrait avoir le droit de se couvrir le visage ou de le cacher dans l'espace public, dans des lieux accessibles à tous (exceptés les sites sacrés) ou utilisés pour offrir des prestations au public.

Il serait aussi interdit d'obliger quelqu'un à se couvrir le visage en raison de son sexe. Des exceptions sont prévues pour des raisons sanitaires (masque médical), de sécurité (casque de moto), climatique (cagoule de ski) ou d'usage local (masque de carnaval). La loi d'application devrait être adoptée dans les deux ans.

Julia Onken de la partie

Le comité d'initiative a aussi pris forme. Outre Oskar Freysinger, on y retrouve beaucoup d'UDC dont le Valaisan Jean-Luc Addor, le Neuchâtelois Raymond Clottu, le Genevois Yves Nidegger et le Vaudois Claude-Alain Voiblet.

L'UDF, la Lega et les Démocrates suisses sont aussi représentés tout comme le comité d'initiative tessinois, via, entre autres, Giorgo Ghiringhelli et la libérale-radicale Marina Masoni. Le nom de l'auteure féministe alémanique Julia Onken figure aussi dans la liste des initiants.

Femmes et hooligans

Le visuel de la campagne est aussi désormais connu. Il reprend l'image de la femme voilée utilisée pour l'initiative contre les minarets, elle aussi lancée par le comité d'Egerkingen, ainsi que celle d'un hooligan. Ce sont en effet les deux cibles de l'initiative.

Les initiants reprennent le même argumentaire plaidant liberté et égalité pour s'opposer au port du burqa ou du niqab par les femmes. L'argument sécuritaire est quant à lui avancé pour s'opposer aussi bien aux vandales masqués perturbant les manifestations sportives et politiques qu'aux terroristes se cachant sous un voile intégral pour commettre leurs méfaits.

Tourisme

Les répercussions d'une interdiction sur le tourisme sont écartées d'un revers de la main. "C'est le peuple qui décide, pas les hôteliers", a martelé Giorgo Ghiringhelli. Et d'affirmer que seuls 2% des nuitées tessinoises sont le fait de touristes arabes, et que seule une minorité d'entre-eux portent la burqa ou le niqab.

Oskar Freysinger ne voit quant à lui pas de problème, vu que les touristes voilées ne se déplacent pas à pied mais sous escorte et en voiture jusqu'aux commerces. Et de toute façon, selon lui, ce n'est pas le nombre de personnes concernées par l'interdiction mais le principe.

Les initiants sont en outre confiant quant à la validité de leur initiative. Le Parlement, sur recommandation du Conseil fédéral, a donné son aval au texte adopté au Tessin.

Tout en s'opposant à cette mesure jugée inopportune, le gouvernement a estimé que cette interdiction du voile ne violait pas le droit fédéral. Dans son argumentaire, il faisait référence à la loi française, très proche, que la Cour de Strasbourg a jugé compatible avec la Convention européenne des droits de l'homme.

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