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La presse craint pour sa liberté en Suisse

Les troisièmes Assises du journalisme qui se sont déroulées ce mercredi à Lausanne ont mis en avant une vive inquiétude à propos de la liberté de la presse en Suisse.

24 sept. 2014, 19:43
Des journaux sont photographies devant un debat de journalistes lors des troisiemes assises du journalisme d'impressum sur le theme "La Suisse et la liberte de la presse" ce mercredi 24 septembre 2014 a Lausanne. Les assises du journalisme sont organisees par les journalistes suisses avec Amnesty International, Presse Embleme Campagne, Reporters sans frontieres, la Federation europeenne des journalistes et l'Universite de Fribourg. (KEYSTONE/Jean-Christophe Bott)

Déjà malmenée par des recettes financières à la baisse, la presse doit aussi craindre pour sa liberté en Suisse. Les troisièmes Assises du journalisme ont montré mercredi à Lausanne à quel point les inquiétudes sont vives dans la profession.

Placées sous la thématique "La Suisse et la liberté de la presse", les Assises du journalisme ont brossé un sombre tableau de la situation. Jean-Philippe Ceppi, producteur de "Temps présent (TP)", estime que l'on assiste "à une lente érosion de nos libertés d'enquête".

Liberté en danger

Le journaliste de la RTS a montré combien l'étau se resserrait en Suisse sur le journalisme d'investigation. Une enquête de TP sur la maltraitance dans un EMS bernois n'a par exemple abouti à rien de positif. Au contraire, ceux qui avaient dénoncé la situation se sont retrouvés au chômage et l'EMS a été blanchi.

Le journalisme qui veut dénoncer des dysfonctionnements et révéler des scandales "est en danger en Suisse", a affirmé Jean-Philippe Ceppi. Le reportage en caméra cachée est réduit à néant, "on n'imagine même plus ce moyen". A son avis, les grandes affaires d'intérêt public ont quasiment "disparu des écrans radars".

Batailles d'avocats

Les lanceurs d'alerte ne sont pas protégés, a poursuivi le journaliste. "Nous sommes fragilisés et que dire de nos sources! Le climat est extrêmement malsain. On enterre en grande pompe notre cher journalisme d'investigation. J'ai l'impression de revenir 25 ans en arrière", a déploré Jean-Philippe Ceppi.

Invité à parler de l'affaire Giroud, l'ancien journaliste de la RTS Yves Steiner, a souligné combien la bataille juridique visait "à ralentir à tout prix le travail journalistique". Huit procédures sont en cours dans cette affaire après 20 minutes d'émission. Dominique Giroud a engagé sept avocats et un stagiaire pour se défendre, a-t-il relevé.

Recours à Strasbourg

Seul réconfort ou presque, semble-t-il, le recours à la Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg se révèle payant. Les juges étrangers se montrent souvent des défenseurs résolus de la liberté de la presse, avec des retombées très concrètes en Suisse.

Le débat sur la protection des journalistes en zones de conflit a montré lui aussi les difficultés et les risques parfois mortels qu'encourent ceux qui veulent à tout prix aller sur le terrain. L'ambassadeur Claude Wild a jugé qu'il fallait que les journalistes cherchent à mieux s'organiser entre eux pour essayer d'assurer leur protection.

Attente vaine

Tout espérer de l'Etat est une chimère. "Vous allez attendre longtemps", a prévenu le chef de la Division Sécurité humaine au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

La liberté de la presse subit aussi de fortes pressions économiques. Selon un sondage réalisé par l'Université de Fribourg, les conditions de travail des journalistes continuent à se dégrader avec des répercussions sur la liberté d'être critique.

Position contestée

Les pressions des annonceurs sont de plus en plus dures, a reconnu Daniel Pillard, directeur général de Ringier Romandie. Aujourd'hui, "tout le monde fait des fausses Unes de journaux. Ce qui était exceptionnel est devenu banal, il faut naviguer là-dedans".

Face aux inquiétudes sur la qualité de la presse, Serge Reymond, Directeur général de Tamedia Publications romandes, n'a pas hésité à affirmer que "la qualité, c'est ce qui est lu par le lecteur". Sa position a fait bondir dans la salle, et même sur le podium.

Simplisme rejeté

Rainer Stadler, rédacteur médias à la NZZ, a jugé "très simpliste" de résoudre ainsi la question de la qualité de la presse quand on voit la quantité de déchets qui est produite. Gilles Marchand, directeur général de la RTS, a reconnu que "tout ce qui est vu n'est pas de qualité. Il y a des choses épouvantables à la TV, nous devons avoir une intention comme diffuseur".

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