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La stratégie énergétique 2050 ne sera pas enterrée par le Conseil national

Par 135 voix contre 55, le Conseil national a refusé lundi la proposition de non-entrée en matière de l'UDC en matière de Stratégie énergétique 2050.

01 déc. 2014, 19:37
La Suisse est fortement dépendante des marchés internationaux, a souligné Doris Leuthard. Aujourd'hui, le marché est inondé d'énergies à bas prix, comme le pétrole, a constaté la ministre de l'environnement et de l'énergie. Mais les prix vont grimper à l'avenir.

Pas question d'enterrer la stratégie énergétique 2050. Par 135 voix contre 55, le Conseil national a refusé lundi une proposition de non-entrée en matière de l'UDC. Deux tentatives de renvoi au Conseil fédéral ont également échoué. La Chambre du peuple attaque maintenant l'examen de détail, qui devrait se prolonger jusqu'à jeudi.

Ce projet concrétise la volonté de réorienter la politique énergétique suisse après la catastrophe de Fukushima. Il interdit la construction de nouvelles centrales nucléaires et prescrit des conditions de sécurité pour le maintien des réacteurs actuels à partir de 40 ans d'existence, a résumé Roger Nordmann (PS/VD) au nom de la commission.

Le but est de réduire de moitié la consommation d'énergie d'ici 2050. En fait, la consommation d'électricité devrait rester stable. Mais l'usage des énergies fossiles, soit le gaz et le pétrole, devrait chuter, en raison de leur prix excessif, des nuisances à l'environnement et des difficultés d'approvisionnement, selon M. Nordmann.

Les prix vont grimper

La Suisse est fortement dépendante des marchés internationaux, a souligné Doris Leuthard. Aujourd'hui, le marché est inondé d'énergies à bas prix, comme le pétrole, a constaté la ministre de l'environnement et de l'énergie. Mais les prix vont grimper à l'avenir.

Pour elle, le moment est venu de corriger le tir et d'investir dans une production indigène propre, même si on ne pourra jamais se passer d'importations. Il n'y a pas d'alternative au tournant énergétique, a renchéri Stefan Müller (PDC/SO). Celui-ci permettra de réduire la dépendance vis-à-vis de l'étranger, de développer le courant vert et d'améliorer l'efficacité énergétique.

Beznau, plus vieille centrale au monde

Il s'agit néanmoins d'apporter encore quelques corrections pour assurer une transition vers un approvisionnement sûr, a fait valoir Jacques-André Maire (PS/NE).

Adèle Thorens (Verts/VD) a ainsi exigé un délai raisonnable pour la fermeture des vieux réacteurs. Avec Beznau (AG), la Suisse possède la plus vieille centrale du monde, dont la sécurité laisse à désirer, comme celle de Mühleberg (BE), d'après elle. Or, paradoxalement, le projet risque d'assurer une durée de vie allant jusqu'à 60 ans pour de telles installations, s'est-elle inquiétée.

Pour Martin Bäumle (PVL/ZH), la priorité doit aller à l'efficacité énergétique et aux courants verts. Mais le tournant énergétique devrait aussi se doubler de la vérité des coûts dans le secteur. Pour le pétrole, par exemple, les effets du changement climatique et de la pollution ne sont pas pris en compte dans les prix, tout comme les frais résultant du stockage des déchets radioactifs ou du démantèlement des réacteurs.

Prédictions trop optimistes

La droite dure a contesté cette vision. Ce projet crée des insécurités économiques et juridiques et met en danger l'approvisionnement énergétique sûr de la Suisse, a fustigé Hansjörg Knecht (UDC/AG). Les coûts de la stratégie sont inconnus, mais la facture risque d'être lourde, selon lui.

Toni Brunner (UDC/SG) a dépeint une stratégie aventureuse misant sur des toits couverts de panneaux solaires et des éoliennes sur toutes les collines. Ces arguments n'ont pas fait mouche, d'autant que l'UDC verrait d'un bon oeil la construction d'une nouvelle centrale nucléaire. La majorité a décidé d'entrer en matière sur le projet.

Exit aussi les manoeuvres dilatoires consistant à renvoyer le projet au Conseil fédéral. Avant de trancher, une minorité emmenée par Albert Rösti (UDC/BE) aurait voulu obtenir notamment une stratégie montrant comment il est possible d'assurer à long terme la production d'électricité issue de l'hydraulique.

Les prédictions concernant le développement des énergies renouvelables sont trop optimistes, a critiqué le Bernois. La Suisse va devoir importer massivement pour compenser le manque, selon lui.

Le courant vert, 49.50 par an

Une autre minorité, refusée par 108 voix contre 81, a exigé en vain un nouveau projet prévoyant l'ouverture complète du marché de l'électricité, la suppression des subventions à l'énergie renouvelable, une réforme fiscale écologique et une stratégie globale pour le réseau électrique, notamment.

Ce projet ne mérite guère le nom de stratégie, puisqu'il ne présente pas les coûts, a critiqué Christian Wasserfallen (PLR/BE). "C'est comme si on allait au restaurant commander un menu cher sans connaître le prix", d'après lui. Et de contester les milliards prévus pour le développement des énergies renouvelables.

Le statu quo aurait aussi un prix très élevé, ont répondu les tenants de la stratégie. Aujourd'hui, un ménage de quatre personnes paie 49,50 francs par an en faveur du courant vert, a expliqué Doris Leuthard. Même si on double les montants, la facture demeure minime. Le pétrole et d'autres sources d'énergie polluantes sont en revanche subventionnés à la pelle.

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