Le directeur général d'Unilever pointe la Migros du doigt. Que le grand distributeur helvétique vende des produits "proches des nôtres, cela constitue un acte de contrefaçon caractérisé", s'irrite Paul Polman.
En se rapprochant de certaines marques, avec des produits à plus bas prix, certains distributeurs s'évitent d'investir dans la recherche et le développement, déclare Paul Polman dans un entretien publié samedi dans les colonnes du quotidien "Le Temps".
Le directeur du géant néerlandais de l'agroalimentaire et des cosmétiques signale qu'Unilever investit "plus d'un milliard d'euros par an" (1,2 milliard de francs) dans l'amélioration des gammes d'articles. Il fait remarquer que 6000 collaborateurs sont actifs dans la recherche.
Paul Polman précise que le moteur de la prospérité du groupe est lié à la croissance de la population mondiale et à l'augmentation du pouvoir d'achat. Deux milliards d'individus consomment les produits de la multinationale, détaille-t-il.
"Nous pensons pouvoir toucher à terme un milliard de clients supplémentaires", estime-t-il. "L'alimentaire est appelé à s'étendre, mécaniquement, au cours des années à venir".
Encore deux milliards d'individus
Les marchés émergents représentent "90% de notre croissance et 60% de notre chiffre d'affaires". Même s'ils connaissent encore un développement, ils ont toutefois "beaucoup ralenti" ces dernières années. En Europe et aux Etats-Unis, les marchés "sont particulièrement difficiles" en raison de la très faible croissance.
Questionné sur la surexploitation des ressources disponibles, il s'explique. "Personne ne peut compenser totalement la croissance économique par des initiatives durables. Le monde doit se préparer à accueillir, à terme, encore deux milliards d'individus (...) La classe moyenne grossit chaque année de plus de 160 millions d'individus".
Et d'ajouter: "Tout ce que nous pouvons faire en tant que multinationale, c'est contribuer à un changement de modèle social en sensibilisant nos clients à une consommation plus responsable."
A son avis, le secteur privé doit exercer une influence sur certaines décisions gouvernementales. "Les équilibres de pouvoir ont changé", analyse-t-il. "Les institutions d'après-guerre créées pour gérer les défis mondiaux, tels le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale, ne sont plus adaptées."
173'000 employés
Unilever a vu son chiffre d'affaires baisser de 6,3% au 1er trimestre 2014, à 11,4 milliards d'euros (13,8 milliards de francs), avait-il indiqué fin avril. Les taux de change ont eu un effet négatif de 8,9%.
Fondé en 1930, le groupe commercialise notamment les thés Lipton, les soupes Knorr, l'huile d'olive Bertolli et les déodorants Rexona. Il emploie plus de 173'000 personnes dans le monde.