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Le non à Ecopop relance les bilatérales

Le refus de l'application de l'initiative Ecopop par 74,1 % lance un signal fort envers Bruxelles.

30 nov. 2014, 20:04
L'initiative Ecopop a été vivement critiquée lors de sa campagne.

Le score a été sans appel dans tout le pays. Même le Tessin, où les analystes prédisaient un "oui", a refusé le texte d'Ecopop par 63,1% des voix. Parmi les moins insensibles aux arguments des éco-fondamentalistes, Schwyz (65,8%) et Obwald (67,4%).

A l'inverse, comme le 9 février, les champions du "non" ont été à nouveau les Vaudois (82,7%). Ils sont suivis des Valaisans (78,7%) et des Genevois (78,6%). Chez les autres Romands, l'opposition des Neuchâtelois a atteint 78,2%, celle des Jurassiens 77,2% et celles des Fribourgeois 74,5%. A Berne, elle s'élève à 74,9%.

Soutenue par aucun parti

La clarté de ce résultat regonfle à bloc le Conseil fédéral pour ses négociations avec l'Union européenne. Par rapport à l'initiative de l'UDC, acceptée par 50,3%, le camp du "oui" a perdu près d'un quart des votants. Ce camouflet s'est traduit dans les réseaux sociaux par une nouvelle dénomination: "Ecoflop".

L'initiative, qui n'était officiellement soutenue par aucun parti gouvernemental, voulait limiter la croissance annuelle de la population due à l'immigration à 0,2% sur une moyenne de trois ans. Moins de 17'000 personnes, réfugiés compris, auraient pu s'établir en Suisse chaque année, alors qu'en 2013, le solde migratoire a atteint 87'000 personnes.

Ecopop exigeait en outre que 10% des fonds de l'aide au développement, soit environ 150 millions de francs par an, aillent au contrôle des naissances dans les pays pauvres.

Bruxelles salue

Partis politiques, patrons et défenseurs des travailleurs ont réagi unanimement au résultat du scrutin de dimanche: en refusant nettement l'initiative Ecopop, les citoyens helvétiques ont montré qu'ils ne sont pas prêts à accepter des mesures radicales contre l'immigration.

Les Suisses attendent du gouvernement qu'il réduise l'immigration, mais "sans jeter pour autant le bébé avec l'eau du bain", a ainsi commenté le président du PDC Christophe Darbellay.

Aux yeux de la majorité, ce résultat cinglant montre par ailleurs que le peuple tient à la libre circulation et aux accords bilatéraux. Les Suisses ne veulent pas "envenimer la situation avec l'Union européenne", ce qui constitue "un signal fort" envers Bruxelles, s'est réjoui Rudolf Minsch, économiste en chef chez economiesuisse.

Dans une prise de position écrite diffusée après le scrutin, Bruxelles a elle aussi salué un vote dans lequel elle voit la confirmation de sa position selon laquelle une limitation de la libre circulation des personnes porte préjudice à l'économie.

Texte inapproprié

Reste que "cette votation ne peut pas faire oublier l'acceptation de l'initiative de l'UDC contre l'immigration de masse", rappellent en choeur economiesuisse et l'Union patronale suisse. Le malaise que les Suisses ont déjà exprimé en début d'année sur la question de l'immigration est à prendre au sérieux.

Le 9 février, le peuple a montré qu'il était favorable à une régulation "sensée" de l'immigration, abonde l'UDC. "Le gouvernement dispose de trois ans pour appliquer notre initiative contre l'immigration de masse", rappelle le parti.

Un peu moins d'un quart de la population a soutenu l'initiative. Ce scrutin dénote donc "une fois de plus qu'une frange de la population suisse (en l'occurrence environ 25%) est fortement xénophobe", commente pour sa part le président de l'Union syndicale suisse Paul Rechsteiner. Mais "on s'attendait à un soutien plus important encore", nuance Christophe Darbellay.

Reconnaissant l'échec, le membre d'Ecopop Philippe Roch concède que l'initiative était inappropriée. Mais le texte aura au moins eu l'avantage de réactiver le débat concernant les limites de la croissance, et de ses conséquences sur l’environnement, juge l'ancien chef de l'Office fédéral de l'environnement.

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