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Le non de dimanche met du plomb dans l'aile d' une caisse unique romande ou cantonale

Le conseiller d'Etat vaudois Pierre-Yves Maillard n'enterre pas le projet cantonal ou romand de caisse maladie publique, a-t-il dit sur les ondes de "Forum" dimanche soir. Pour lui, le camp du oui s'est élargi depuis la dernière votation de 2007. "Si le oui a gagné 10%" en 7 ans, l'idée fait son chemin.''

28 sept. 2014, 21:52
Le champion de la caisse publique, le conseiller d'Etat Pierre-Yves Maillard (PS/VD), relève que le canton de Vaud, qui s'achemine vers 56% de 'oui', fait mieux de 12 points qu'en 2007. "Ce vote, comme celui des autres cantons romands qui disent oui, ne peut pas être ignoré", a-t-il dit sur la RTS.

Deux cantons ont rejoint le camp du oui depuis 2007: Genève et Vaud. "Si on leur propose un projet de caisse cantonale, le 'oui' sera encore plus fort". Et des cantons alémaniques, avec leur fibre fédéraliste, pourraient être davantage séduits par un projet cantonal.

"Le vote d'ajourd'hui rend cette idée (ndlr: caisse publique romande) légitime, mais ce n'est pas à moi de lancer une initiative ce soir. Je suis conseiller d'Etat, président du Conseil d'Etat, c'est à des forces nationales de le faire".

Appel à un front plus large

Et le Vaudois d'évoquer un front plus large, regroupant aussi le centre-droit, qui soutiendrait un modèle plus pragmatique. Pour cela il évoque le résultat dans le canton de Vaud, qui avec 56,2% dépasse le cercle des seuls sympathisants de la gauche.

Le socialiste fait aussi des appels du pied du côté des soignants: "à eux de s'organiser".

Une caisse unique vaudoise ou genevoise impliquerait toutefois une modification de la loi fédérale, "autant dire que ce serait sans aucune chance de succès. Donc le seul moyen serait de faire une nouvelle initiative populaire", dit-il dans une interview publiée en ligne par "24 heures".

"Mais peut-être faudrait-il en faire une autre avant pour obtenir que les caisses ne paient plus les élus aux Chambres fédérales ni les partis politiques auxquels ils apportent des aides directes. Une initiative dans ce sens aurait des chances assez fortes et peut-être que cela nettoierait le Parlement de ce lobbyisme obscène et que cela permettrait de faire du Parlement un lieu plus propice à des réformes pragmatiques", a-t-il ajouté.

A Genève, le grand promoteur de la caisse maladie publique, le conseiller d'Etat Mauro Poggia (MCG) ne veut pas imposer un tel projet. "Je veux suivre un processus démocratique et je ne le ferai pas seul".

Idée pas encore enterrée

En Suisse alémanique, la conseillère nationale zurichoise Jacqueline Fehr ne va pas si vite en besogne. L'idée d'une caisse maladie publique, même au niveau suisse, n'est pas encore enterrée, selon elle. Elle le sera seulement, si les "gagnants de dimanche tiennent leurs promesses".

Les Verts laissent tomber l'idée d'une caisse publique au niveau national. En revanche, ils veulent revenir à la charge avec la possibilité d'en créer une au niveau cantonal. Ils vont déposer un texte dans ce sens lors de la prochaine session parlementaire, ont-ils indiqué dans un communiqué.

Autre défenseur du 'oui', le conseiller national Stéphane Rossini (PS/VS) relève que "sans cette initiative, le Parlement n'aurait dit oui ni à la loi sur la surveillance, ni à la compensation des risques, ni au remboursement partiel des primes payées en trop".

Le parti évangélique suisse (PEV) regrette que les citoyens n'aient pas saisi l'opportunité de changer de système. Pour l'Union syndicale suisse aussi, une occasion a été manquée. A l'avenir, l'organisation se battra pour que l'Etat vienne davantage à la rescousse des familles qui souffrent de primes trop élevées.

Pas de raz de marée

De l'autre côté de l'échiquier, Isabelle Moret, conseillère nationale (PLR/VD), est soulagée. Inquiète en début de campagne, la conseillère nationale compare ce vote à un soufflé. Même en Suisse romande, le raz-de-marée annoncé n'a pas eu lieu, selon elle.

La libérale-radicale note cependant que les débats pendant la campagne n'ont concerné que "les 5% que représentent les coûts administratifs et n'ont pas abordé les 95% qui couvrent les coûts de la santé. Or il faudra s'attaquer aux 95%, si on ne veut pas que les primes doublent".

Contrôle de la qualité systématique

L'heure est désormais à la gestion des coûts de la santé, défend le conseiller aux Etats PLR Felix Gutzwiller. "Réduire les prestations est exclu. Il est donc nécessaire de disposer d'un contrôle systématique de la qualité", estime le Zurichois.

Le conseiller aux Etats PDC Urs Schwaller relève de son côté qu'en refusant la caisse unique, les Suisses ont montré leur attachement au libre choix en matière de santé mais aussi leur crainte d'une étatisation du système. Selon le Fribourgeois, il est temps d'arrêter les discussions et de passer à l'action.

En refusant la création d'une caisse maladie unique, les citoyens suisses ont "compris qu'il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain", a réagi Guy Parmelin. Selon le conseiller national UDC, relancer un projet du même type à l'échelle latine serait "un déni de démocratie".

Pour Santésuisse, le rejet du texte est une preuve de confiance, a réagi sa directrice, Verena Nold. "L'une des principales causes de l'explosion des coûts est le progrès technologique", a-t-elle précisé. Il est donc important de n'autoriser que les traitements et médicaments qui sont à la fois économiques, efficaces et adéquats.

Le comparateur en ligne, comparis.ch, respire après le résultat de dimanche. La Société Suisse des Entrepreneurs (SSE) et economiesuisse saluent la fibre libérale des Suisses contre toute "étatisation".

Pas un blanc-seing

Le fait que près de 40% des citoyens ont accepté la caisse unique "représente plus qu'un succès d'estime", ont réagi Jean-François Steiert, vice-président de la fédération suisse des patients et Mathieu Fleury, secrétaire général de la Fédération romande des consommateurs. Face à cet "avertissement", les assureurs doivent désormais "tenir leurs promesses et engager les réformes encore nécessaires".

Selon H+, les Hôpitaux suisses, les Suisses préfèrent une solution libérale plutôt qu'étatique, même dans le domaine de la santé, un argument aussi défendu par Thomas Heiniger, conseiller d'Etat zurichois PLR et vice-directeur de la Conférence nationale des directeurs de la santé publique. "Mais ce n'est pas un blanc-seing donné ni au milieu de la santé, ni aux assureurs", avertit Charles Favre, président du Conseil d'H+

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