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Le peuple choisirait un gouvernement médiatique

Popularité et crédibilité seraient essentielles aux candidats en cas d'élection du Conseil fédéral par le peuple. Ce système n'aurait sans doute jamais vu siéger Alain Berset ou Didier Burkhalter.

25 avr. 2013, 10:27
Parmi les sept sages, seules Simonetta Sommaruga et Doris Leuthard auraient une chance selon les politologues.

Ces deux derniers "n'auraient pas été assez connus en dehors de leur canton au moment de la campagne" si le peuple avait dû élire les sept sages, confie le politologue Claude Longchamp, de l'institut gfs.bern. "Cela vaut sans doute aussi pour les autres conseillers fédéraux, sauf Simonetta Sommaruga et peut-être Doris Leuthard."

Les voix du peuple iraient surtout vers des présidents de partis et d'autres élus populaires à l'échelle nationale, qu'ils soient romands ou alémaniques. Ces candidats devraient aussi ne pas être trop contestés dans l'opinion: "Un Christoph Blocher, aussi connu que décrié, aurait peu de chances d'être élu", à moins que sa campagne soit arrosée à gros coups de millions, estime Claude Longchamp.
 
Electeurs bien formés
 
"L'électorat suisse est en grande partie bien formé et capable de distinguer les qualités d'un politicien de la publicité faite autour de lui", note toutefois le politologue Andreas Ladner, de l'Institut des hautes études en administration publique (IDHEAP). Au vu des mentalités et de la tradition politique helvétique, une campagne trop délirante pourrait "taper sur les nerfs des Suisses".
 
Outre la médiatisation du candidat, sa crédibilité et sa capacité à convaincre importeraient beaucoup pour gagner un siège au Conseil fédéral, suggère Andreas Ladner. "La culture politique diffère de celles des pays voisins; les Suisses, davantage habitués à voter sur des objets complexes et plus pragmatiques, veulent des politiciens capables au gouvernement et non des leaders", dit-il.
 
Un siège pour les Verts
 
Claude Longchamp croit davantage en une "supermédiatisation" des élus, qui poserait un grand nombre de problèmes éthiques. "Comme en Italie, en France ou aux Etats-Unis, les médias pourraient soutenir massivement leurs candidats, on peut imaginer les grands groupes de presse avoir leur conseiller fédéral."
 
Rien n'empêche pour l'heure une telle pratique dans la législation suisse, si l'initiative populaire de l'UDC est acceptée le 9 juin, fait-il remarquer. Par ailleurs, les craintes de certains quant aux possibilités du parti agrarien de gagner un deuxième siège semblent peu fondées aux yeux des politologues.
 
L'initiative prévoit une élection tous les quatre ans au système majoritaire, un procédé qui n'avantage pas forcément les plus grands partis, mais surtout ceux pouvant faire alliance avec d'autres formations afin de drainer davantage d'électeurs et atteindre la majorité de vote.
 
Selon Claude Longchamp, l'UDC ne ferait que conserver son siège, tout comme le PDC, tandis que le PBD aurait toutes les chances d'être éjecté. Le PLR pourrait aussi perdre un fauteuil. Un changement dans la formule magique se produirait de toute façon en faveur des Verts, puisque "largement soutenus dans les régions urbaines".
 
Campagne cruciale
 
En vue du scrutin en juin, la campagne aura une importance capitale, prédisent les experts. "Le résultat du vote dépendra notamment des manoeuvres des politiciens devant l'opinion", affirme Andreas Ladner. Certains pourraient par exemple pointer du doigt les dossiers où le Conseil fédéral aurait pu mieux faire afin de décrédibiliser les sept sages et le système électoral actuel.
 
Une campagne qui par son ouverture et son degré d'intensité devrait aussi jouer un grand rôle pour définir le taux de participation des votants. Or, "plus il y en aura, plus l'initiative risque d'être acceptée", souligne Claude Longchamp. Au contraire, si leur nombre est restreint, une grande partie d'entre eux seront des défenseurs du système électoral.
 
Le climat politique avant la votation pèsera également lourd. "Ce ne sera pas pareil si les votants ont un degré de méfiance envers les élites comparable à celui régnant juste avant la votation sur l'initiative Minder ou avant le vote sur les épizooties", poursuit le politologue. D'après Andreas Ladner, le mécontentement du peuple devrait être très grand pour vouloir changer le système électoral.
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