Sous la coupole depuis 14 ans, ce barbu à l'allure bonhomme ne fait pas partie des ténors du Parlement fédéral et fait rarement la "une" des médias. Ruedi Lustenberger, 63 ans, menuisier de Romoos, dans l'Entlebuch lucernois, voit son accession à la présidence du Conseil National comme son plus grand succès.
"J'ai fait un apprentissage de menuisier puis dirigé l'entreprise familiale pendant 37 ans. Il ne coule pas de source qu'on me confie ce mandat", explique le député démocrate-chrétien arrivé en politique sur le tard, dans un entretien.
Amateur de débats, le parlementaire a dû apprendre à se montrer plus réservé en vue de sa montée sur le siège de président de la Chambre du peuple. Ses deux années de vice-présidence ont été un bon exercice.
Il a aussi renoncé à des engagements dans des comités. "Au début, c'était difficile de tenir ma langue", admet le politicien.
Le Lucernois a également rafraîchi ses connaissances de français. Il a suivi un cours de trois semaines à Strasbourg l'an dernier puis une semaine intensive à Avignon l'été passé.
Au front dans l'affaire Hildebrand
En tant que premier citoyen de Suisse, il tient à coeur à ce père de trois enfants de rappeler aux Helvètes que malgré certains problèmes, le pays se porte bien. "C'est quelque chose que l'on oublie souvent. Nous devons continuer de prendre soin de notre bien-être".
Le conseiller national PDC a principalement fait parler de lui dans son rôle de président de la commission de gestion. Il a dû monter au front pour l'affaire Hildebrand ou le scandale informatique du système Insieme, au sein de l'Administration fédérale des contributions.
Pour les crucifix dans les écoles
Auparavant, il a initié un projet pour ajouter la formation d'apprentis comme critère d'adjudication des marchés publics. La possibilité d'annuler une naturalisation durant huit ans au lieu de cinq afin de lutter contre les abus comme les mariages blancs porte aussi la patte du député lucernois.
Il s'est récemment prononcé en faveur des énergies renouvelables et de la sortie du nucléaire. Sur les questions de société, il appartient à l'aile conservatrice du PDC. Il s'est notamment engagé pour le maintien des crucifix dans les bâtiments publics et les écoles.
La politique en deuxième carrière
Le menuisier ne s'est lancé en politique qu'à l'âge de 41 ans, après plusieurs sollicitations de son parti. En 1991, il se présente aux élections du Grand Conseil lucernois et est élu du premier coup. Il préside le Parlement cantonal en 1999.
C'est la même année qu'il entre au Conseil National. Lors des élections de 2011, il y est réélu avec le deuxième meilleur score du canton, après Otto Ineichen, député PLR décédé en 2012.
M. Lustenberger a transmis les rênes de son entreprise à un collaborateur de longue date il y a deux ans. Mais il reste un représentant de poids de la branche. Il préside l'association des maîtres menuisiers et fabricants de meubles et siège au sein de la direction de l'Union suisse des arts et métiers.