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Le tireur de Montbenon: un inadapté qui voulait devenir policier

Le procès du tireur de Montbenon s'est ouvert lundi devant le Tribunal criminel de Lausanne. En février 2011, il avait tiré cinq coups de feu en direction d'une assistante de police, blessant deux personnes.

11 juin 2012, 17:05
Le procès de l'homme qui avait tiré à cinq reprises à Montbenon s'est ouvert ce lundi.

L'homme qui avait tiré à cinq reprises et blessés deux personnes dans le quartier de Montbenon à Lausanne comparait depuis ce lundi devant Tribunal criminel de Lausanne. L'accusé, vendeur intérimaire de 30 ans, peine aujourd'hui encore à comprendre pourquoi il a fait feu.

Enervé par l'attente à la poste, excédé par des amendes pour mauvais stationnement, il avait reçu le matin même une convocation concernant sa postulation pour devenir assistant de police. "Cette lettre m'a mis sous pression. Elle m'a fait perdre tous mes moyens", a-t-il expliqué devant la Cour.

De retour à son domicile, le jeune homme se munit d'un Beretta 9mm ainsi que d'une boîte de 50 cartouches et roule jusqu'au Palais de justice de Montbenon. Il aperçoit une contractuelle de 58 ans et, à 35 mètres de distance, il lui tire dans le dos et l'atteint à une jambe. "J'ai dégainé et j'ai tiré. Je voyais bien le gilet jaune marqué police".

L'accusé assure qu'il visait les jambes et qu'il ne voulait pas tuer. "Vous saviez que vous pouviez atteindre un organe vital", lui demande le président. "Oui". "Cela ne vous a pas arrêté?". "J'ai arrêté lorsque j'ai vu qu'elle était blessée". "Pourquoi tirer?". "J'étais frustré", répond-il.

Retard mental

L'accusé souffre d'un "retard mental léger qui implique des difficultés d'adaptation à toutes sortes de situation de la vie quotidienne", a expliqué l'expert psychiatre. Il n'arrive pas à gérer ses frustrations et à voir ses limites. "C'est un mauvais compétiteur dans une société de compétition", a résumé l'expert.

Il voulait devenir policier, comme son frère qu'il met sur un piédestal, mais il a raté les examens. "Il considère les assistants de police comme des sous-policiers. Cette convocation reçue le matin même, c'est quelque chose qu'il veut et qu'il déteste. Il est bouleversé par cette réponse qu'il souhaite autant qu'il craint", a avancé le psychiatre en guise d'hypothèse.

Accident

"Le ciel nous est tombé sur la tête lorsque nous avons appris ce qui s'était passé", a déclaré, très ému, le père du tireur. "Nous n'étions pas surpris qu'il fasse une bêtise, mais pas aussi grave".

Il a expliqué le parcours difficile du garçon, renversé par une voiture à cinq ans et dont il a gardé des séquelles: problèmes de concentration, de mémoire, puis à l'adolescence une maladie rare des yeux qui nécessitera une double greffe de la cornée. "Il est devenu introverti. Il s'est isolé. A l'école, il était scolairement nul et la risée de ses camarades", a raconté le père.

Excuses et regrets

L'accusé a présenté ses excuses et ses regrets aux victimes. "Je suis navré pour les victimes. Après les coups de feu, je me suis senti très mal dans ma peau. J'ai eu des remords. J'étais mal. J'ai préféré me rendre à la police", a-t-il déclaré.

Quinze mois après ses graves blessures à une jambe, l'assistante de police n'a pas retrouvé toute sa mobilité. Elle boite et n'a repris le travail à 50% qu'il y a quelques mois. "Dans un bureau, car j'ai peur de remettre un uniforme, peur d'être une cible", a-t-elle dit.

La deuxième victime, blessée plus légèrement à une jambe par une balle perdue qui a traversé la carrosserie de sa voiture, a presque totalement récupéré. Cette avocate trentenaire ne "croit pas une seconde" à la lettre d'excuse "de deux phrases" de l'accusé. Le procès se poursuit mardi avec le réquisitoire et les plaidoiries

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