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Les dettes "dangereuses pour la société"

Le surendettement est une bombe à retardement pour la société, alerte Dette conseil suisse.

15 août 2013, 12:32
En Suisse, 8% de la population est endettée à un niveau critique.

Le nombre de personnes endettées a fortement augmenté en Suisse depuis 10 ans. Une tendance que Dette conseil suisse (DCS) juge "dangereuse pour la société". L'association faîtière s'inquiète que ce phénomène ne soit pas pris davantage au sérieux par les politiques. Les assureurs maladie proposeront eux leurs solutions vendredi.

Dettes conseil suisse a reçu 5100 nouveaux ménages en situation d'endettement en 2012. Ils s'ajoutent aux 4482 ménages, soit 10'000 personnes, suivis en 2011 par les 37 services de l'association. Il ne s'agit que de la pointe de l'iceberg, puisque selon l'index suisse des débiteurs publié en 2008 par Intrum Justicia, 85% des personnes endettées essaient d'abord de s'en sortir seules.

L'augmentation est cependant palpable et une tendance à la hausse est observée depuis 10 ans, note Jürg Gschwend, responsable du service de désendettement au sein de Caritas Suisse. Entre 2004 et 2010, le nombre de demandes de conseil auprès des services de consultation en matière d'endettement a augmenté de 30%, indique l'organisation caritative sur son site en ligne.

Davantage de primes impayées

En Suisse, selon les derniers chiffres de l'Office fédéral de la statistique (OFS) datant de 2008, 570'000 personnes, soit 8% de la population, sont endettées à un niveau critique et 657'000 avaient des arriérés d'impôts. Une réalité qui ne reste pas sans conséquences pour la société.

Les assureurs maladie, par exemple, comptent chaque année un million de poursuites pour un montant d'un milliard de francs, explique Anne Durrer, porte-parole de santésuisse. Selon les estimations réalisées par l'association faîtière des assureurs maladie, 20% de ces poursuites concernent des dettes impayées.

"Le nombre de poursuite a très nettement augmenté. Au cours des 5-6 dernières années, il y a eu 30% de poursuites en plus", remarque Anne Durrer. Selon les assureurs, la moitié des cas sont liés à de réels problèmes financiers. Reconnaissant le poids des primes dans un budget familial, santésuisse présentera vendredi des mesures pour décharger les familles.

Cantons inquiets

L'augmentation du surendettement est également observée au sein des cantons. Dans celui de Zurich, le nombre de poursuites s'est encore envolé en 2012, battant le record de 2010, a constaté l'association des maires et des offices de poursuites du canton (VGBZ) en avril dernier. L'année passée, plus de 383'000 ordres de paiement ont été envoyés et 181'000 saisies ont été exécutées.

Ce n'est pas tout. Durant les six dernières années, le nombre de procédures pour des poursuites a augmenté de 10,3%, celui pour des saisises de 10,2%, alors que la population n'a elle crû que de 8% dans le même laps de temps. Pour la VGBZ, il n'y a plus l'ombre d'un doute: "le surendettement a augmenté dans tout le canton".

Cette conclusion est partagée par François Froidevaux, chef du service des contributions jurassien. Les impôts impayés suite au surendettement creusent chaque année un peu plus les caisses du canton. Il a perdu 5,1 millions de francs (représentant 1,7% du total des impôts) en 2005, 5,5 millions (1,8%) en 2006 et 6,5 millions (2%) en 2007.

"On voit une tendance à la hausse, également par rapport aux moyens engagés à l'office des poursuites. Il y a une augmentation du travail, mais pas de chiffres pour le montrer", regrette François Froidevaux.

Un sujet qu'on ne veut pas voir

"Globalement, c'est un sujet qu'on ne veut pas voir", note Sébastien Mercier, membre du comité de DSC. Il déplore le manque d'études en Suisse ainsi que de chiffres actuels et complets. L'OFS récolte en ce moment les nouvelles données sur l'endettement. Les statistiques devraient être disponibles d'ici la fin 2014, espère-t-il.

Le sujet intéresse encore trop peu les statisticiens et les politiques en Suisse, critique Sébastien Mercier. Pour lui, il faudrait agir avant que la situation n'empire. "On fonce dans le mur", s'alarme le juriste de DCS. "Mais ça ne serait pas si mal d'un autre côté, car s'il y a trop de faillites personnelles, l'économie sera menacée et donc la politique devra ouvrir les yeux et agir."

La situation semble pourtant évoluer. Deux procédures de consultation se déroulent actuellement, l'une visant à interdire la publicité en faveur des petits crédits et la seconde, sur les poursuites, prévoit d'annuler les commandements de payer injustifiés.

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