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Les effets des nanomatériaux doivent être mieux connus en Suisse

Le centre d'évaluation des choix technologiques demande des études sur les effets à long terme des nanoparticules et leur impact sur l'environnement et la santé.

30 mai 2013, 14:14
Les nanomatériaux permettent de réduire la consommation d'énergie mais comportent aussi des risques pour la santé et l'environnement, selon TA-SWISS.

Les nanomatériaux permettent de réduire la consommation d'énergie mais comportent aussi des risques pour la santé et l'environnement, selon TA-SWISS. Le centre d'évaluation des choix technologiques demande des études sur leurs effets à long terme, un meilleur étiquetage des biens qui en contiennent et une harmonisation du droit suisse.

Les "particules naines" permettent de fabriquer des matériaux très légers et néanmoins solides, note le Centre d'évaluation des choix technologiques (TA-SWISS) dans une étude présentée jeudi à Berne. Grâce à de tels constituants, des véhicules consomment moins de carburant. Dans le bâtiment, il est possible d'économiser des matériaux et de réduire la consommation d'énergie et les émissions de CO2.

Les nanomatériaux sont donc extrêmement intéressants pour l'économie, ont souligné les responsables de TA-SWISS devant les médias à Berne. Leur taux de croissance pourrait atteindre jusqu'à 15% par an ces prochaines années.

Inflammations dans les poumons

Mais cette technique présente aussi des risques. "Il y a peu de transparence quant au contenu des nanomatériaux", a déclaré le responsable du projet, Martin Möller, de l'Öko-Institut de Fribourg en Brisgau (D).

Les particules de carbone peuvent provoquer des inflammations dans les poumons si elles sont inhalées. C'est par exemple le cas lorsque les nanotubes de carbone composant des pneus sont libérés dans l'air en raison des frottements. Ces structures présentent une similitude externe avec les fibres d'amiante.

Cancérigène

"Chez l'humain, c'est principalement l'inhalation dans les poumons qui est problématique", a expliqué le Pr Peter Gehr, de l'Institut d'anatomie de l'Université de Berne. De très hautes concentrations de nanotubes de carbones ou de dioxyde de titane pourraient s'avérer cancérigènes. Certaines études ont d'ores et déjà suscité la controverse.

"Les effets à long terme des nanoparticules sont pratiquement inconnus et doivent être étudiés", a ajouté le Pr Gehr, également président du comité de direction du Programme national de recherche "Opportunités et risques des nanomatériaux" (PNR 64). Il n'y a pas lieu de céder à l'alarmisme, selon lui, mais la population doit être sensibilisée au fait que certains de ces produits sont potentiellement dangereux.

Puces d'eau et poissons

Concernant l'environnement, il arrive que le dioxyde de titane, utilisé dans certaines crèmes solaires, aboutisse dans les eaux usées. Des puces d'eau sont mortes après en avoir absorbé et des particules et des métaux lourds fixés à ces dernières se sont accumulés dans des poissons.

De même, le nano-argent incorporé par exemple aux habits de sport pour prévenir les mauvaises odeurs est toxique pour les organismes aquatiques. Le problème se présente lorsque ces vêtements sont lavés.

De tels conséquences ont été observées avec des doses très élevées mais les effets à long terme n'ont pratiquement pas été étudiés, a souligné Kristin Schirmer, de l'Eawag, l'institut de recherche sur l'eau du domaine des EPF.

Protéger les travailleurs

Selon TA-SWISS, on ignore encore beaucoup sur ces "particules naines" et des études sont nécessaires pour en savoir plus sur leurs effets à long terme. Il faut aussi déterminer comment les empêcher de finir dans la nature et de quelle manière protéger les travailleurs.

L'étude, qui a porté sur huit nanomatériaux, recommande aussi d'établir un registre des nanoproduits largement diffusés. Un étiquetage conséquent devrait aider les consommateurs à choisir en connaissance de cause. Pour l'instant, "les consommateurs ne peuvent exercer leur liberté de choix par manque d'information", a critiqué Huma Khamis, de la Fédération romande des consommateurs (FRC).

Enfin, le droit suisse doit être harmonisé avec les dispositions en vigueur dans l'Union européenne (UE). Sur certains points, la Suisse devrait même aller plus loin.

Les nanomatériaux sont des matériaux possédant des propriétés particulières en raison de leur taille - de 1 à 100 nanomètres (milliardième de mètre) - et de leur structure. La Suisse n'en produit pas à l'échelle industrielle, contrairement aux Etats-Unis par exemple, où la production annuelle atteint 40'000 tonnes. En revanche, elle en utilise et retravaille de grandes quantités.

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