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Les messages cachés de la carte postale

Un linguiste de l'Université de Zurich a décrypté les messages rédigés sur les cartes postales.

10 juil. 2014, 12:25
Postkarten in einem Geschaeft in Locarno im Kanton Tessin, aufgenommen am 30. Maerz 2005. (KEYSTONE/Martin Ruetschi) 

Postcards are displayed in front of a shop in Locarno in the canton of Ticino, Switzerland, pictured on March 30, 2005. (KEYSTONE/Martin Ruetschi)

Avec l'été et les vacances revient le même cas de conscience: faut-il envoyer à ses proches une bonne vieille carte postale ou plutôt un SMS ou un MMS? Un linguiste de l'Université de Zurich (UZH) a exploré les messages cachés de la carte postale.

Heiko Hausendorf a réuni une collection de plus de 6000 cartes postales. Son intérêt se porte en effet sur les "petits textes". "Les cartes postales sont un Eldorado quand on recherche des variations de choses toujours semblables", explique le chercheur dans un "podcast" du Centre de compétence en linguistique de l'UZH et de la Haute école zurichoise des sciences appliquées (ZHAW).

"La nourriture est super", "l'eau est chaude", "grosses bises de...", certains poncifs comme le temps qu'il fait, la gastronomie et les activités typiques des vacances sont immuables, tout comme la manière de les exprimer. La carte postale remplit son office, "montrer que l'on a pensé aux autres" bien qu'étant loin d'eux, explique M. Hausendorf.

"A part ça nous faisons beaucoup de vélo"

Le linguiste rappelle à cet égard que les toutes premières cartes postales n'avaient pas de champ prévu pour écrire. Les salutations étaient inscrites la plupart du temps sur l'image. L'auteur affichait alors son statut de touriste.

Il s'agissait de manifester le fait que l'on était en congé. A une époque où le tourisme commençait à se généraliser, on montrait de cette manière que l'on pouvait se le permettre. Par exemple s'autoriser à faire des choses qu'on n'avait pas le temps de faire le reste de l'année: des formules comme "A part ça nous faisons beaucoup de vélo" en témoignent.

Le coup de soleil

L'équipe de M. Hausendorf projette d'analyser de quelle manière l'histoire du tourisme se reflète dans les salutations de vacances. Par exemple, sur les cartes des années 1960 et 1970, le coup de soleil était omniprésent. Il a ensuite disparu.

Pour M. Hausendorf, on peut légitimement supposer que le discours sanitaire sur les risques encourus est responsable de cette absence. Auparavant, un bon coup de soleil constituait la preuve qu'on avait eu le temps de s'adonner à la bronzette.

L'évolution des destinations est un autre aspect historique qui se reflète dans les cartes postales, tout comme ces dernières années la concurrence des SMS, MMS et courriels, qui relèguent l'ancêtre au rang de "bonne vieille carte postale", comme l'écrivait un vacancier.

Texte et image stéréotypés

Concernant le message véhiculé, le côté image est au moins aussi important que le texte, selon Heiko Hausendorf. Celui qui reçoit la carte l'affiche de manière à ce que l'image soit visible. Cette dernière, paysage ou monument la plupart du temps, est généralement aussi stéréotypée que le texte.

Cet aspect a nui à la réputation de la carte postale, c'est pourquoi, aujourd'hui, de nombreux vacanciers ironisent en écrivant simplement "bla, bla, bla" ou "Ceci n'est pas une carte postale typique", constate le chercheur.

M. Hausendorf ne pense pas que les cartes postales vont disparaître. Contrairement à leurs concurrents électroniques, on peut les toucher, les montrer à d'autres personnes, les coller sur le frigo, voire les collectionner. Lui-même y prend plaisir: "Ce rituel va bien avec les vacances, aller au café, au soleil, et prendre le temps d'écrire pour une fois à la main".

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