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Les soldats suisses dans les régions «critiques» du Kosovo

Pour la première fois depuis le début de la mission de la KFOR au Kosovo, des soldats suisses de la Swisscoy se trouvent dans les régions «critiques» du nord du pays. Et c'est également la première fois qu'un Suisse, le colonel Adolf Conrad, va aussi diriger des troupes armées de l'OTAN.

15 déc. 2011, 06:53
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Avant de sortir de son véhicule de fonction, le colonel zurichois charge son pistolet, qu'il garde caché sur lui. Puis, d'un pas décidé, il se dirige vers la barricade, un tas de gravats situé sur le côté nord du pont d'Austerlitz. Là, dans la ville divisée de Mitrovica, les Serbes font encore de la résistance.

Le commandant allemand a été blessé par balles au bras près du  village proche de Zupce, à majorité serbe, mais le colonel Conrad ne porte volontairement aucun casque ni gilet pare-balles. Et, comme s'il s'agissait d'une simple promenade dominicale, il entame une discussion au milieu du pont avec une patrouille de police.

Les derniers événements ont démontré qu'une solution militaire à la levée des barricades sur la frontière entre le Kosovo et la Serbie ne se révèle pas efficace. Le nord est bloqué pour la KFOR, et la tâche incombe désormais aux Suisses d'y remédier.

La population fait confiance aux Suisses

En raison de leurs bonnes relations avec les populations locales et leur connaissance des chemins peu fréquentés, les soldats de la Swisscoy sont les seuls à pouvoir encore franchir la frontière nord.

Dès le 1er janvier, la Suisse prendra le relais de la France dans le commandement des «équipes de liaison et de surveillance» (Liaison and Monitoring Teams - LMT) dans le nord. Les soldats de la LMT peuvent être considérés comme des diplomates en uniformes.

Le colonel Conrad ne doute pas du succès de sa mission qui consiste à prévenir l'escalade dans le conflit: «Nos miliciens sont  plus à même de gérer cette situation que des soldats de carrière américains», assure-t-il.

Le Tessinois Stefano Malpangorri, juriste dans le civil, dirige à Mitrovica une troupe LMT et des habitants ont récemment fait appel à  lui lorsqu'un charnier a été découvert dans une ancienne usine serbe. Ils ont estimé que le Suisse s'adresserait aux autorités adéquates, une preuve de confiance.

Les yeux et les oreilles de la KFOR

Les LMT sont actuellement les yeux et les oreilles de la KFOR, qui a perdu sa liberté de mouvement. Et ce sont les Suisses qui  tâtent le pouls de la population afin de prévenir tout escalade. Leurs conclusions influencent les stratégies mises en place par les  troupes de l'OTAN.

De fait, le colonel Conrad surnomme ses hommes «les détecteurs de fumée de la KFOR» et déplore que ses équipes soient trop minces. La lenteur du recrutement en Suisse ainsi que la décision des alliés de l'OTAN de réduire progressivement de moitié le nombre des 5500 soldats, se fait en effet vivement ressentir côté suisse.

«Un artisan de la paix»

Le maire de Mitrovica, un partisan de la ligne dure dans le conflit entre la Serbie et le Kosovo, refuse la discussion avec la  KFOR. Le colonel Conrad tente presque quotidiennement d'entrer en contact avec lui, ainsi qu'avec les deux autres maires qui font  office de porte-parole dans le différend douanier, appelant à une rébellion ouverte contre la KFOR.

Afin de contourner les douanes kosovares, les Serbes ont tracé des chemins à travers les bois, un procédé que le militaire appelle «Bypass». Le matériel servant à la création de ces sentiers est  fourni par les dirigeants politiques.

Mais, pour pouvoir négocier, le colonel Conrad compte désormais un nouvel allié: l'hiver. La neige va en effet rendre ces «bypass»  bientôt impraticables et contraindre les maires à rejoindre la table des négociations, espère-t-il. Le Zurichois a du reste réussi à  conclure un premier accord, qui a calmé la situation et lui a valu d'être salué par le presse serbe comme «un artisan de la paix».

Faire montre de psychologie

Toutefois, cette accalmie peut être imputée au souhait de la Serbie d'être acceptée comme candidate à l'adhésion à l'Union  européenne. Et comme le conflit a incité l'UE à finalement reporter la requête, les négociations locales ne devraient pas être facilitées.

«Tout dépend du nord», affirme Adolf Conrad, qui devra se montrer fin psychologue. Dans cette optique, il a déjà rebaptisé la devise «la KFOR supprime les barrages» («KFOR is removing Roadblocks») en «la KFOR soutient l'ouverture des routes» («KFOR is supporting opening of roads»).

Un plan d'action est difficile car «je ne sais pas de quoi demain sera fait», admet cependant celui qui a été actif dans de nombreuses zones en conflit et a mené à bien cinq missions de l'ONU.

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