La Confédération devrait dégager 310 millions de francs supplémentaires pour aider le secteur touristique. Pas question en revanche de lancer de nouvelles mesures conjoncturelles. Le Conseil fédéral, qui a dévoilé jeudi ses plans, ne veut pas réorienter sa politique. Il rejette notamment l'idée d'une banque du tourisme sur le modèle autrichien.
Le plafonnement des résidences secondaires représente un nouveau défi pour le tourisme. Afin d’atténuer l’impact de la "lex Weber", le gouvernement propose de mettre en place un programme d’impulsion pour la période 2016-2019. Les fonds alloués à la politique régionale devraient être augmentés de 200 millions sur ces quatre ans et ceux dédiés à Innotour (la loi fédérale encourageant l'innovation, la collaboration et le développement du savoir dans le tourisme) de 10 millions.
Dans le premier cas, il s'agira d'aller puiser dans le Fonds de développement régional. Dans le second, l'enveloppe devrait être couverte par un relèvement de crédit.
Le Conseil fédéral souhaite aussi actualiser les dispositions d’exécution de la Société suisse de crédit hôtelier (SCH) et améliorer la coordination avec la politique régionale. Le prêt supplémentaire de 100 millions accordé jusqu’à fin 2015 à la SCH devrait être prolongé jusqu'à fin 2019. But: maintenir un niveau d’investissement suffisant dans le secteur de l’hébergement.
Dans un rapport rédigé à la demande du Parlement, le gouvernement reconnaît les problèmes affrontés par le secteur. Le tourisme suisse a dû faire face à un net recul de la demande. De 2008 à 2012, les nuitées ont reculé de plus de 7%. L'arc alpin est particulièrement touché avec une baisse de plus de 13%.
Renouvellement
Franc fort, établissements et destinations petites, main d'oeuvre trop chère... Les problèmes existants vont être accentués par la "lex Weber". Vu les incertitudes qui perdureront jusqu’à l’entrée en vigueur de la loi, certains projets d'investissements sont reportés voire abandonnés. Avec le risque d’un blocage.
Mais le plafonnement des résidences secondaires offre aussi de nouvelles opportunités, souligne le Conseil fédéral. Le tourisme est incité à miser sur des modèles de croissance axés sur le renouvellement et une meilleure utilisation des infrastructures existantes.
Les mesures proposées par le gouvernement devraient être mises en oeuvre rapidement. Les cantons devraient être appelés à jouer un rôle central dans la mise en place de mesures d’accompagnement liées à l’initiative sur les résidences secondaires. La branche touristique est invitée à s'engager davantage.
Stratégie saluée par la branche
Dans un communiqué commun, la Fédération suisse du tourisme, GastroSuisse, hotelleriesuisse, Parahôtellerie Suisse et les Remontées mécaniques suisses se sont dit satisfaits de cette nouvelle stratégie. Selon les associations, elle permettra notamment de moderniser les structures d'hébergement et d'accroître la capacité d'innovation des entreprises touristiques.
Avec 200 millions de francs supplémentaires répartis sur 4 ans, les cantons pourront davantage encourager les projets touristiques. La coopération dans les destinations pourra également être renforcée grâce aux 10 millions alloués à Innotour.
Les associations touristiques soutiennent également le souhait du Conseil fédéral d'adapter les bases légales de la Société suisse de crédit hôtelier (SCH). Elles ont en outre indiqué partager l'avis du Conseil fédéral, selon lequel ces mesures d'optimisation de la SCH sont préférables à la création d'une banque du tourisme sur le modèle autrichien.