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Mariages forcés: des centaines de femmes concernées chaque année, selon une étude

Ces deux dernières années, quelque 1400 femmes ont subi des pressions de leur entourage pour se marier, interrompre une liaison amoureuse ou renoncer à un divorce.

09 août 2012, 17:35
L'étude a été commandée à l'Université de Neuchâtel.

Les mariages forcés ne sont pas rares en Suisse. Ces deux dernières années, quelque 1400 femmes ont subi des pressions de leur entourage pour se marier, interrompre une liaison amoureuse ou renoncer à un divorce, révèle une étude publiée jeudi.

"L'endroit le plus dangereux pour une femme reste sa maison", a déploré la ministre de justice et police Simonetta Sommaruga devant la presse en commentant le travail. Les mariages forcés ne préoccupent pas la population, mais il faut en parler pour faire tomber un tabou et protéger les victimes.

La loi a été durcie en juin par le Parlement, a salué la socialiste. Avec ce projet, les mariages forcés seront poursuivis d'office et les unions déjà scellées devront être dissoutes. Les personnes en ayant obligé une autre à convoler encourront jusqu'à 5 ans de prison.

Mais cela ne suffit pas. Chargée par le Parlement de prendre des mesures pour aider directement et efficacement les victimes, Simonetta Sommaruga soutient un travail ciblé de prévention pour informer les victimes potentielles et le développement de structures d'accueil en cas de nécessité de protection.

Structures existantes

Pas forcément via de nouvelles structures, a-t-elle ajouté sans vouloir citer de mesure précise à ce stade. La socialiste compte faire des propositions au Conseil fédéral cet automne. Elle s'appuiera sur l'étude confiée à l'Université de Neuchâtel.

Il est quasiment impossible de chiffrer le nombre de mariages forcés en Suisse car de nombreuses victimes ne demandent pas d'aide. Selon l'enquête menée par Janine Dahinden et Anna Neubauer auprès d'experts, les situations sont très diverses. Mais surprise, dans près de la moitié des cas d'unions forcées (659), il s'agit de femmes empêchées de divorcer.

Elles sont généralement âgées de plus de 25 ans, nées à l'étranger, dépendent financièrement de leur mari et ont un statut de résidence dans le pays incertain. Le reste des cas (348) sont liés à des pressions pour accepter une union non souhaitée, ou pour mettre un terme à une relation librement choisie (384 victimes).

Balkans, Turquie et Sri Lanka

Dans ces deux catégories, il s'agit de femmes plus jeunes (de 18 à 25 ans) mais aussi d'origine étrangère avant tout. La plupart d'entre elles viennent des pays des Balkans, de la Turquie et du Sri Lanka. Elles sont généralement bien intégrées au marché du travail et au système éducatif suisse.

L'entourage peut faire pression pour qu'elles se marient avec quelqu'un de leur origine ou religion. Les conflits générationnels peuvent surgir, les parents voulant garder leur fille dans leur communauté pour la protéger alors que l'intéressée n'en voit pas la nécessité. Le mariage peut aussi entrer dans une stratégie migratoire en visant un permis de séjour pour le futur conjoint étranger.

Dramatiques, les cas où une jeune femme est forcée d'épouser un compatriote lors de vacances dans son pays nécessitent une collaboration transnationale. Les femmes contraintes de rester avec un époux ont elles souvent peur d'être rejetées et de perdre la garde de leurs enfants.

Violence domestique

En plus de la violence psychique, cette catégorie subit en majorité des violences physiques et des violences sexuelles. Selon les chercheuses, il y a d'ailleurs de nombreux parallèles entre mariages forcés et violence domestique.

Même si ce sont avant tout des migrantes qui sont concernées, il vaudrait mieux traiter les unions imposées dans le cadre plus large de la violence domestique en intégrant la dimension transnationale. Les victimes nécessitant protection pourraient ainsi être accueillies dans des structures ordinaires existantes.

Pour ce faire, les réseaux de coopération entre les structures existantes devraient être améliorés. Il faudrait aussi augmenter les capacités d'hébergement et créer, particulièrement en Suisse romande, des foyers pour mineurs qui font défaut.

Même s'ils apparaissent très minoritaires parmi les victimes (entre 7 et 13%), les hommes auraient également besoin de structures d'accueil. Sans compter l'absence de stratégie pour le travail à effectuer des fins de prévention avec les hommes qui sont auteurs de violence et de contrainte.

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