Le Ministère public a réclamé vendredi la sanction maximale contre l'assassin de Marie, "le criminel ultime". Il a requis la réclusion à perpétuité et l'internement à vie "pour qu'il n'y ait pas de prochaine fois". La défense a plaidé le meurtre et non l'assassinat. Elle rejette l'internement à vie. Verdict le 24 mars.
Le prévenu n'a pas supporté que Marie, tout juste 19 ans, veuille le quitter. "Il était, quoi qu'il en dise, fou amoureux de Marie. Mais on ne quitte pas Claude D. Quand on lui appartient, on lui appartient pour toujours", a dit le procureur général Eric Cottier, devant le Tribunal criminel de la Broye et du Nord vaudois, à Renens.
Une "mise à mort"
En matière de qualification juridique, le procureur retient l'enlèvement, la séquestration, la contrainte sexuelle et,"avec évidence", l'assassinat pour la "mise à mort de Marie". A ses yeux, l'agresseur, 39 ans aujourd'hui, a arrêté le projet de tuer au moment de l'enlèvement. Il le savait, il l'a dit à sa victime.
Sa responsabilité pénale est entière, même si l'un des deux experts psychiatres la juge moyennement diminuée. "Il a choisi le moment de la mise à mort, il est resté maître de ses émotions. C'est le constat d'une responsabilité pleine et entière", a-t-il dit.
La défense plaide pour le meurtre et non l'assassinat
Le prévenu a nommé son crime dès le début. Mais on ne le croit pas, lorsqu'il dit qu'il a aussi voulu se tuer. Dans cette affaire, il ne faut pas oublier le lien qui précède le crime, le lien qu'il avait établi sur les réseaux sociaux avec Marie. Elle se présentait comme une escort: "L'était-elle ? je n'en sais rien, mais lui le croyait".
L'avocate estime qu'il s'agit d'un meurtre et non d'un assassinat. Ce qui distingue les deux, c'est le lien. "Ce n'est pas un crime à froid". Le Parquet reconnaît le sentiment, sans en tirer les conséquences juridiques, critique-t-elle.
"La perpétuité, on la proclame avec une certaine légèreté", a renchéri l'avocate. L'un des deux experts psychiatres a parlé d'une responsabilité pénale restreinte. Cette "peine glaçante" ne peut pas être prononcée en même temps qu'une responsabilité pénale diminuée.
Me Hayat s'est fermement opposée à l'internement à vie qu'elle compare à un substitut de la peine de mort. "Retrancher quelqu'un de la vie ne fait pas ressusciter les morts", a-t-elle lancé. "Il faut traiter Claude D, il faut encore espérer".