Une vidéo montre l'ancienne présidente de la Confédération se faire accoster dans la rue par un homme qui dit s'appeler Eric Dougoud. Ce dernier prétend que Mme Calmy-Rey, qui sortait d'une conférence donnée dans le cadre du Festival du film des droits humains, a violé plusieurs articles de la Convention européenne des droits de l'homme dans l'affaire BCGE.
«Moi, je n'ai rien violé du tout», lui indique, quelque peu surprise, l'ex-conseillère fédérale. Pour toute réponse, son interlocuteur sort d'un sac une tarte et l'écrase sans ménagement sur le visage de Mme Calmy-Rey. Le choc est si violent que l'ancienne conseillère fédérale titube et en tombe presque à la renverse.
L'agresseur porte une veste sur laquelle est floquée, dans le dos, l'adresse www.bandedecopainsgenevois.ch. Ce site web s'en prend aux anciens dirigeants de la BCGE et à leur gestion. Il soupçonne la banque d'avoir été infiltrée par l'Opus Dei et les francs-maçons. Mme Calmy-Rey a été un temps membre du conseil d'administration de la banque et était ministre des finances du canton de Genève lors du sauvetage de l'établissement en 2000.
Affaire close
S'exprimant sur les ondes de la radio alémanique DRS et de la RTS, Mme Calmy-Rey a indiqué mardi qu'elle avait simplement apporté son manteau à la blanchisserie et que l'affaire était close. Elle a néanmoins relevé le caractère «brutal» de l'incident: «Au moment où je m'apprêtais à répondre, j'ai reçu un coup de poing dans l'oeil», a-t-elle dit dans l'émission «Forum».
En dépit de la violence de l'attaque, elle n'entend pas changer son mode de vie. «Je tiens à vivre normalement au milieu des citoyens, je n'ai pas peur», a-t-elle déclaré. Elle a précisé que le gâteau qu'elle avait reçu sur la figure était une «forêt noire».
La police genevoise a quant à elle appris l'agression par les médias, selon Eric Grandjean, porte-parole de la police, interrogé par la RTS. «Nous condamnons cet incident, un acte rarissime voire unique à Genève», a-t-il ajouté.
Lâche et déloyal
«C'est un acte lâche, bas et peu digne», a déploré le président du parti socialiste genevois René Longet. Il est parfaitement déloyal de surprendre quelqu'un qui vous écoute poliment, a-t-il ajouté, relevant qu'on pouvait ne pas être d'accord avec les jugements rendus dans l'affaire BCGE par la justice genevoise, mais que la démocratie offrait d'autres façons de s'exprimer.
Le Festival du film des droits humains a lui aussi condamné l'agression dont a été victime l'ancienne conseillère fédérale. «S'en prendre ainsi à une personnalité politique ouverte au dialogue est un acte lâche», a communiqué le Festival. Sa direction a aussitôt contacté Mme Calmy-Rey pour lui présenter ses excuses.