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Passage piétons lumineux: insolite mais décrié

Un prototype de passage piétons avec des clignotants au sol est testé à Dulliken (SO). Il ne fait pas l'unanimité.

20 juin 2012, 11:10
En 2011, 28 personnes sont décédées sur des passages piétons. Des solutions sont à l'étude.

Un passage piétons avec des clignotants au sol et des lampes LED qui s'illuminent quand quelqu'un s'approche pour traverser. L'idée vient des Etats-Unis, mais un prototype pour la Suisse est testé depuis février à Dulliken (SO). Les autorités et le bpa sont sceptiques.

Patrick Strahm, conseiller communal de Dulliken, a découvert le système lors d'un séjour à Los Angeles en 2004 et a choisi de l'importer en Suisse. Début 2012, il s'est décidé à donner corps à son projet en co-fondant la société Mapa Schweiz, chargée de la fabrication de ces mécanismes d'éclairage.

Pour l'heure, le système n'a pas quitté Dulliken. "Mapa Schweiz est en négociations avec plusieurs communes des cantons de Soleure et d'Argovie", assure Patrick Strahm, contacté par l'ats. "Ne précisons pas lesquelles, car rien n'est signé. Nous avons aussi informé les autorités cantonales et fédérales, même si le processus de discussion s'avère pour l'instant plutôt lent."

Installations ciblées

Patrick Strahm, diplômé en électro-mécanique et policier cantonal à Dulliken, n'espère pas adapter tous les passages piétons de Suisse. "Il faut cibler les zones importantes où le dispositif pourrait contribuer à une sécurité optimale", explique-t-il, alors que le nombre d'accidents mortels sur les passages cloûtés a fortement augmenté l'an dernier. "Je pense avant tout aux environs des écoles et des EMS, où sont concentrés les enfants et les personnes âgées".

Le coût d'un tel mécanisme s'élève, tous frais compris, à environ 20'000 francs. D'après M. Strahm, c'est honnête pour un dispositif "efficace par tous les temps" et "résistant contre les chasse-neiges". "Jusqu'à aujourd'hui, le mécanisme fonctionne parfaitement", souligne-t-il. "On peut observer à Dulliken que les véhicules ralentissent plus tôt en voyant les lumières s'allumer."

"Manque de fiabilité"

Difficile pour l'heure de déterminer l'effet de l'intervention sur le passage piétons soleurois, qui n'a pas été examiné en détails par le Bureau de prévention des accidents (bpa). "Les lampes au sol augmentent certainement la perceptibilité du marquage de nuit, mais on a constaté un manque de fiabilité du déclenchement du système", affirme Gianantonio Scaramuzza, collaborateur scientifique.

En plus de cela, ces lampes ne contribuent pas à renforcer le contraste entre les piétons et l'arrière-plan, ce qui est tout aussi important en termes de sécurité, ajoute-t-il. "Alors que des études nous ont démontré les facteurs contribuant à plus de sécurité sur la route, des initiatives isolées de ce type n'en tiennent pas forcément compte."

"Avantage moindre"

De son côté, l'OFROU s'étonne de ne pas avoir été consulté avant l'intégration d'un système d'illumination aux marquages. "Pour installer des réflecteurs, il n'est pas nécessaire d'obtenir une dérogation de l'OFROU, mais c'est le cas pour toute source lumineuse spéciale", assure Antonello Laveglia, porte-parole.

Des études scientifiques montrent que les passages piétons identifiables par les chauffeurs à 100 mètres ou plus génèrent moins d'accidents que ceux visibles plus tard, précise M. Laveglia. "Nous ne sommes pas sûrs que le système en question ait un avantage par rapport aux illuminations bien conçues et conformes aux normes en vigueur."

Regina Füeg, secrétaire générale suppléante à la Conférence suisse des directeurs cantonaux des travaux publics, de l'aménagement du territoire et de l'environnement (DTAP), rappelle que les interventions sur les passages piétons restent du ressort des cantons et communes. A condition de respecter les directives fédérales en la matière.

"Nous peinons à croire qu'un système aussi cher que celui de Dulliken puisse se généraliser en Suisse", confie à l'ats Mme Füeg. "Mais certains cantons pourraient décider de mettre le budget nécessaire pour l'implémenter."

En 2011, 28 personnes sont décédées sur un passage piétons, soit huit de plus que l'année précédente, selon l'Office fédéral des routes (OFROU). Le projet Via sicura, mis sous toit le 12 juin par le Parlement, prévoit que la Confédération édicte à l'avenir des directives en collaboration avec les cantons.

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