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"Projet Maghreb": Genève mise sur 30 retours volontaires par an

A Genève, le "projet Maghreb" vise une trentaine de départs volontaires par an de délinquants multirécidivistes dans leur pays d'origine.

01 avr. 2012, 10:33
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Parmi les 95 ressortissants maghrébins qui s'y sont intéressés depuis son lancement en août 2011, dix en ont profité.

Ce programme pilote en Suisse prévoit le financement à hauteur maximale de 4000 francs d'un projet professionnel au Maghreb avec en contre-partie un retour volontaire. Il vise des délinquants multirécidivistes qui ont purgé leur peine. L'objectif est de les faire quitter le territoire genevois en leur offrant un retour au pays la tête haute.

"Il n'y a pas d'angélisme: le but est qu'ils partent pour répondre à un problème sécuritaire", explique Laurent Paoliello, porte-parole du Département de la sécurité et de la police (DSPE). Faute d'accord de réadmission - sauf avec la Tunisie - ou de papiers d'identité, les ressortissants maghrébins ne peuvent pas être expulsés.

Empreintes digitales

Les candidats à ce type de retour volontaire, principalement des hommes de 20 à 30 ans, doivent préparer et soumettre un projet professionnel crédible. Ils doivent aussi décliner leur identité, empreintes digitales à l'appui. Un acte pas anodin, car il rend tout retour clandestin en Europe quasiment impossible.

Cette formule de la carotte et du bâton a fait mouche auprès de dix personnes. Leurs projets professionnels touchent divers domaines: mécanique, taxi, boulangerie ou encore buanderie, relève Nadine Mudry, secrétaire adjointe en charge du domaine des migrations au DSPE. Une formation dans la fromagerie a aussi été sollicitée.

Bilan fin 2013

Cette spécialiste des questions migratoires détaille la procédure: les candidats au départ reçoivent 1000 francs à l'aéroport lors de l'embarquement. Une fois chez eux, ils ont trois mois pour contacter l'association qui les aidera dans leur projet professionnel. Cet organisme recevra alors la somme maximale de 3000 francs pour ce soutien.

Le bilan de cette expérience sera tiré fin 2013. Pour l'heure, le bouche à oreille commence à fonctionner, notamment à travers les associations en contact avec ces multirécidivistes à Genève, explique Mme Mudry. Au total, 95 personnes ont demandé des informations sur le projet, et 52 ont entamé des démarches concrètes.

Plate-forme intercantonale

Si 10 personnes ont effectivement quitté Genève par ce biais, le DSPE mise à terme sur une trentaine de départs par an. Un chiffre significatif, car la police recense environ 300 à 350 multirécidivistes qui empoisonnent la vie des Genevois. A noter encore que l'aide au retour existe déjà, mais uniquement pour les personnes qui n'ont pas commis de délit.

Ce projet initié par la conseillère d'Etat Isabel Rochat a suscité l'intérêt d'autres cantons, dont Neuchâtel. Une plate-forme de coordination intercantonale va être mise sur pied d'ici juin pour appréhender de manière plus globale ces problèmes liés aux délinquants non-expulsables.

Pas le Printemps arabe

Interrogée dans "Le Matin dimanche", Isabel Rochat précise que "les nouveaux arrivants du Printemps arabe ne sont pas concernés" par le "Projet Maghreb". Celui-ci vise des délinquants qui se trouvent depuis plusieurs années à Genève: "L'un d'entre eux était là depuis 17 ans", souligne la conseillère d'Etat.

Côté financement, le DSPE a prévu de puiser dans un fonds alimenté par l'argent saisi dans les affaires de drogue, qui servait jusqu'ici à des actions de prévention contre la récidive. Mme Rochat relève qu'à 450 francs la journée de prison, le projet est comparativement peu coûteux. Il s'agit selon elle d'une solution "pragmatique et temporaire".

L'Office fédéral des migrations a participé aux travaux de réflexion autour du projet, ajoute la conseillère d'Etat. Il n'y a toutefois pas d'engagement financier de sa part.

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