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Protection confirmée pour l'Absinthe, la Fée verte et La Bleue

L'Absinthe, la Fée verte et La Bleue sont enregistrées comme indications géographiques protégées (IGP).

16 août 2012, 13:00
De nombreuses distilleries clandestines ont maintenu en vie la fée verte pendant le 20e siècle.

L'Absinthe, la Fée verte et La Bleue sont enregistrées comme indications géographiques protégées (IGP). Malgré 42 oppositions provenant pour moitié de l'étranger, l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG) confirme leur protection.

Ces appellations revêtent le caractère de dénominations traditionnelles et non d'une dénomination générique, conclut l'office. Elles évoquent une eau-de-vie traditionnellement associée au Val-de-Travers (NE), région ayant fait la réputation de ce produit, a-t-il communiqué jeudi.

Il n'y a pas lieu d'accepter des demandes d'extension de l'aire géographique vu qu'une tradition n'est pas prouvée dans d'autres régions. L'OFAG estime que les marques, à défaut d'être protégées en Suisse, ne peuvent être invoquées et que l'intérêt public à enregistrer les dénominations en tant qu'IGP l'emporte sur l'intérêt privé des opposants à continuer de les utiliser sans devoir respecter le cahier des charges.

30 jours pour faire recours

Interrogée par l'ats, l'association interprofessionnelle de l'absinthe se dit "très satisfaite" de cette décision "tout à fait justifiée". La situation ne va pas forcément changer en Suisse, où les concurrents sont rares, explique le distillateur Yves Kübler. En effet, environ 80% de l'absinthe est produite dans le Val-de-Travers.

Mais l'IGP est un "outil de communication très important", qui valorise le produit par rapport à la région et ouvre la voie à l'exportation. De plus, la décision de l'OFAG constitue une étape importante dans un long processus.

Elle peut être attaquée dans les 30 jours auprès du Tribunal administratif fédéral. Yves Kübler s'attend à ce que les opposants saisissent cette opportunité, mais estime qu'ils n'iront pas jusqu'au Tribunal fédéral, car un tel recours demande des moyens financiers importants et "il faut être sûr de son coup".

Une question de principe

Les opposants avaient contesté la demande d'IGP en critiquant notamment le caractère générique des appellations et le conflit entre l'appellation Absinthe et le nom d'une variété végétale.

Parmi eux figure la Fédération française des spiritueux (FFS), qui réunit la majorité des producteurs dont le groupe Pernod, leader du marché. Elle craignait que les producteurs ne puissent plus écouler en Suisse tout produit dénommé absinthe, fée verte ou bleue. Contactée par l'ats, la FFS n'était pas joignable pour dire si elle entendait faire recours.

Outre le préjudice à des marques et dénominations homonymes, la FFS a contesté la demande d'IGP pour une question de principe. Selon elle, le terme Absinthe n'appartient pas à la Suisse. La fédération n'aurait pas fait opposition si la requête avait concerné la dénomination "Absinthe du Val-de-Travers".

Saga mouvementée

Né à la fin du 18e siècle dans le Val-de-Travers, le breuvage a connu une histoire mouvementée. L'absinthe a été prohibée en Suisse en 1910, suite à l'interdiction de fabrication voulue deux ans plus tôt par le peuple encore sous le choc d'un drame survenu en 1905 à Commugny (VD): un homme avait tué sa femme et ses deux enfants dans un accès de démence attribué à l'absinthe.

La prohibition n'a été levée qu'en 2005. De nombreuses distilleries clandestines ont toutefois maintenu en vie la fée verte pendant le 20e siècle.

L'IGP permet de protéger les noms traditionnels désignant des produits agricoles transformés dont les principales caractéristiques sont déterminées par leur origine géographique. Lorsqu'un nom est protégé, son utilisation est réservée aux producteurs de l'aire géographique définie. La saucisse aux choux vaudoise et la viande séchée du Valais détiennent une IGP.

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