La nuit tombée, David* et ses colocataires s’habillent en noir. Chacun porte un sac à dos, vide. Ils enfourchent leurs vélos pour engloutir rapidement les quatre kilomètres qui séparent leur domicile du filon qu’ils ont repéré, il y a trois ans et demi.
Arrivés à l’arrière-cour d’un supermarché, ils devinent la silhouette d’un camion dans l’obscurité. Attentifs au moindre bruit, ils s’aident mutuellement à se hisser dans la remorque, où d’énormes sacs en plastique emprisonnent les produits expirés le jour même: fruits, légumes, viande, pains, yoghourts, cosmétiques, etc. Une vraie mine d’or. «C’est vachement moins sale que ce que l’on s’imagine», assure David.
S’emparant de certains produits, en rejetant d’autres – la viande ne trouve pas faveur à leurs yeux –, ils repartent ni vu, ni connu. L’intrusion n’aura pas pris plus de quelques minutes....