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Santé: les pharmacies du canton du Tessin distribuent les antibiotiques à l’unité

Les pharmacies du canton du Tessin vendent les antibiotiques à l’unité. Cette approche encore inédite en Suisse doit permettre de lutter contre la résistance aux médicaments. Cette dernière représente l’une des plus graves menaces sur la santé.

04 avr. 2019, 07:16
Au Tessin, les pharmacies distribuent les médicaments au détail.

La mesure est inédite en Suisse. Depuis le début de l’année, les pharmacies du canton du Tessin ne distribuent plus de boîtes entières d’antibiotiques. Elles ne fournissent que le nombre exact de comprimés prescrit par le médecin, comme l’explique la chaîne alémanique SRF.

Concrètement, si la posologie du patient indique qu’il doit prendre deux pilules quotidiennes durant trois jours et que la boîte en contient dix, le pharmacien ouvre donc l’emballage et ne lui en délivre que six. Cette approche visant à diminuer la consommation d’antibiotiques est déjà pratiquée dans plusieurs pays européens, comme l’Allemagne, le Royaume-Uni ou les Pays-Bas par exemple.

Grave menace

Pourquoi instaurer cette mesure? La raison est avant tout sanitaire. Le recours trop fréquent ou à mauvais escient d’antibiotiques entraîne une plus grande résistance des bactéries et rend à terme les médicaments inopérants. Dans un communiqué paru l’an dernier, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) tire la sonnette d’alarme et n’hésite pas à dire que «la résistance aux antibiotiques constitue aujourd’hui l’une des plus graves menaces pesant sur la santé mondiale.»

 

Ce phénomène appelé antibiorésistance engendre entre autres une augmentation des dépenses médicales, des hospitalisations plus longues ou encore une hausse de la mortalité. De plus en plus d’infections comme la pneumonie, la tuberculose ou les maladies d’origine alimentaire sont difficiles à traiter, car les antibiotiques perdent en efficacité.

Pour les pharmacies tessinoises qui participent à cette action, la vente de comprimés à l’unité permet de lutter contre l’antibiorésistance. En effet, elle empêche les patients d’utiliser les médicaments excédentaires pour traiter d’autres maladies plus tard ou les transmettre à des tiers. 

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Même prix

Du côté des clients, la mesure est accueillie plutôt favorablement, à en croire le pharmacien cantonal tessinois, Giovan Maria Zanini interrogé par la SRF. Pour autant, certains ne comprennent pas qu’ils continuent de payer la boîte entière, même s’il leur est possible de récupérer les comprimés restants gratuitement en cas de prolongation de traitement. Ce à quoi le pharmacien cantonal tessinois répond que le médecin ne prescrit pas un emballage, mais un traitement.

Pourquoi l’industrie pharmaceutique ne fabrique-t-elle pas de plus petits emballages? La réponse tient avant tout au manque de rentabilité. Les pharmas devraient créer différentes tailles de conditionnement d’un à dix comprimés, ce qui augmenterait les coûts de production, or les antibiotiques sont des médicaments bon marché.

Réduction du gaspillage

Hormis la lutte contre l’antibiorésistance, la vente au détail permettrait de diminuer le gaspillage. En 2017, près de 4700 tonnes de médicaments ont été incinérés après avoir été rapportés dans les pharmacies, selon les chiffres de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) repris par RTS info.

Or, une expérience réalisée en France en 2017 dans 100 pharmacies montre que la distribution d’antibiotiques à l’unité pourrait avoir plusieurs effets positifs, ainsi que le souligne Le Figaro. Ainsi, la vente au détail a permis de réduire de près de 10% le nombre de comprimés vendus.

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