Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Schneider-Ammann lance la campagne sur le salaire minimum

Johann Schneider-Ammann descend dans l'arène pour contrer l'instauration d'un salaire minimum. Le conseiller fédéral a appelé mardi à rejeter l'initiative populaire des syndicats "pour la protection de salaires équitables".

25 févr. 2014, 14:52
Le ministre de l'économie rejette l'introduction d'un salaire minimum.

Pour Johann Schneider-Ammann, un salaire d'au moins 4000 francs par mois n'est pas le bon moyen pour soutenir les moins nantis.

Le revenu minimum requis par l'initiative serait le plus élevé au monde et menacerait les emplois, a déclaré le ministre de l'économie devant la presse. Le texte de l'Union syndicale suisse demande à la Confédération et aux cantons d'encourager les conventions collectives de travail (CCT).

Pour les secteurs où cela n'est pas possible, un salaire minimum de 22 francs de l'heure devrait être introduit. Cela correspond à 4000 francs par mois pour 42 heures hebdomadaires. Le but de l'initiative, à savoir la lutte contre la pauvreté et les bas revenus, n'est guère contesté, a affirmé M. Schneider-Ammann.

Mais, pour lui, l'instrument du salaire minimum n'est pas adéquat, puisqu'il remet en cause des mécanismes de partenariat social qui ont fait leurs preuves depuis des décennies. La flexibilité dans la fixation des salaires, selon les branches et les régions, est l'un des secrets de la prospérité de la Suisse, a lancé le libéral-radical.

CCT plus basses

D'ailleurs, les syndicats ont conclu nombre de CCT fixant des seuils inférieurs aux normes exigées dans leur initiative, a renchéri le conseiller d'Etat vaudois Philippe Leuba. Et de citer l'exemple de la convention vaudoise pour les jardiniers paysagistes, datant d'avril 2013, qui exige un salaire horaire minimal de 20,20 francs de l'heure.

La Suisse peut se prévaloir d'un faible taux de chômage. En comparaison internationale, le pays figure parmi ceux qui affichent les plus faibles écarts salariaux et la plus petite part de travailleurs à bas revenus. "Et tout ça, c'est parce que l'Etat évite le plus possible d'intervenir", aux yeux de Johann Schneider-Ammann.

La situation des pays pratiquant les revenus minimums est loin d'être meilleure. En France, le SMIC, qui atteint 9,56 euros ou 11,63 francs par heure, a nivelé les salaires vers le bas et n'a pas supprimé la pauvreté, a fait valoir Philippe Leuba. En Allemagne, on envisage un salaire de 8,50 euros, soit environ 10,37 francs.

Apprentissage menacé

En Suisse, l'introduction d'un salaire minimal pourrait menacer les petites entreprises, voire certaines branches comme le commerce de détail, le tourisme, l'agriculture ou la restauration. Et le conseiller fédéral de brandir le risque des délocalisations.

Autre problème évoqué, les conséquences sur le système de formation dual. Certains jeunes risquent de renoncer à faire un apprentissage, s'ils peuvent gagner 4000 francs par mois d'emblée. Bref, "la compétitivité de la Suisse est en jeu", a prévenu le Bernois.

Pour lui, le travail est le meilleur moyen de combattre la pauvreté; il faut faire en sorte de préserver les emplois. Quant aux familles qui ne parviennent pas à joindre les deux bouts, elles peuvent recourir aux institutions sociales ou autres aides telles les subventions pour les primes maladie.

Sus à la polémique

Johann Schneider-Amman n'a pas voulu répondre à la question de savoir si un "oui" à l'initiative des syndicats serait pire pour l'économie que l'acceptation de l'initiative contre l'immigration de masse. "Mais le cumul des deux textes serait très problématique".

Interrogé sur l'idée de faire bénéficier les familles disposant d'un revenu inférieur à 4000 francs d'optimisations fiscales dans des places offshore, le conseiller fédéral a refusé d'entrer dans la polémique. Et de réitérer que les pratiques fiscales du groupe industriel Ammann, qu'il dirigeait avant d'entrer au gouvernement, ont été jugées conformes à la loi.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias