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Suisse et Etats-Unis s'entendent sur un accord fiscal, les banquiers suisses fâchés

Le différend fiscal entre la Suisse et les Etats-Unis est oublié. Les deux pays ont paraphé l'accord jeudi. Les banques helvétiques qui ont géré des avoirs américains ne seront pas poursuivies. Elles devront toutefois s'acquitter d'amendes élevées. L'Association suisse de banquiers juge cet accord inacceptable.

30 août 2013, 06:42
Pour les Etats-Unis, la signature de cet arrangement est un pas important dans la lutte contre l'évasion fiscale. Le ministre américain de la justice Eric Holder a déclaré que le programme va permettre aux autorités de "considérablement renforcer ses efforts pour poursuivre agressivement" ceux qui tentent d'échapper à la loi en cachant leurs avoirs hors des Etats-Unis.

La Suisse et les Etats-Unis enterrent la hache de guerre. Ils ont signé l'accord sur le différend fiscal. Le département de la justice américain l'a rendu public jeudi soir. Les banques suisses qui ont géré des avoirs américains non déclarés pourront éviter des poursuites. Certaines d'entre elles devront cependant s'acquitter d'amendes salées.

Les Etats-Unis ont publié jeudi soir les documents sur le site internet du département de la justice américain. L'ambassadeur Manuel Sager a paraphé la déclaration conjointe au nom de la Suisse.

Pour les Etats-Unis, la signature de cet arrangement est un pas important dans la lutte contre l'évasion fiscale. Le ministre américain de la justice Eric Holder a déclaré dans un communiqué que le programme va permettre aux autorités de "considérablement renforcer ses efforts pour poursuivre agressivement" ceux qui tentent d'échapper à la loi en cachant leurs avoirs en dehors des Etats-Unis.

Ordre judiciaire suisse respecté

L'arrangement signé ("Joint Statement") respecte l'ordre juridique suisse, relève le département fédéral des finances (DFF) vendredi dans un communiqué. La Suisse s'engage à encourager les banques concernées à participer au programme. Elle promet également d'assurer une entraide judiciaire sur la base de la convention de double imposition avec les Etats-Unis et de traiter les demandes rapidement - en engageant du personnel si besoin.

Les Etats-Unis reconnaissent de leur côté que la mention de noms de collaborateurs ou de tierces personnes dans les documents transmis par les banques n'implique pas obligatoirement qu'elles aient commis un délit.

Les banques doivent participer au programme si elles veulent éviter une procédure pénale aux Etats-Unis. Elles sont divisées en quatre catégories. La première regroupe les établissements bancaires contre lesquels une enquête pénale a déjà été ouverte.

Négociations

Credit Suisse, les banques cantonales zurichoises et bâloises et Julius Bär en font partie. Elles négocient déjà avec la justice américaine des amendes et des aveux afin d'éviter une plainte. Elles ne font pas partie du programme.

Le deuxième groupe rassemble les banques qui ont de bonnes raisons de penser qu'elles ont violé la législation américaine. Des aveux ainsi que des amendes sont prévus. En échange, elles ne seront pas poursuivies pénalement ("non-prosecution aggreement").

Ces banques devront donner à la justice américaine des informations sur l'organisation et le contrôle de leur succursale américaine. Elles devront également fournir les noms et les fonctions de chaque responsable et préciser comment les clients américains ont été attirés et conseillés.

Pénalités

De lourdes amendes menacent les établissements de ce groupe. Pour les comptes existant déjà au 1er août 2008, ils devront s'acquitter d'une amende équivalente à 20% du montant maximal des avoirs déposés. Pour ceux ouverts entre le 1er août et le 28 février 2009, les pénalités se montent à 30%, et à 50% pour ceux créés après le 28 février 2009, soit après l'accord UBS avec les Etats-Unis. Le montant total des amendes pourrait dépasser les milliards de francs.

Si la justice américaine estime qu'une banque a rempli toutes les conditions, alors aucune poursuite pénale en lien avec l'évasion fiscale ne sera ouverte. Par contre, si un établissement bancaire fournit des informations qui se révèlent fausses, incomplètes ou qui induisent en erreur, il ne sera plus protégé contre des suites pénales.

Contrôleur externe

Le troisième groupe comprend les banques qui estiment n'avoir rien à se reprocher. Une sorte de carte blanche ("Non-Target Letter") est prévue pour elles. Les banques qui souhaitent appartenir à cette catégorie peuvent s'annoncer entre le 1er juillet et le 31 octobre 2014. Les établissements bancaires réunis dans le quatrième groupe, dont l'activité est purement locale, pourront bénéficier des mêmes conditions. Elles devront aussi nommer un contrôleur externe.

Le programme approuvé ne diffère pas énormément de celui prévu dans la "Lex USA", rejetée en juin par le Parlement. Les autorités n'avaient toutefois rendu public que certains aspects. Le règlement des amendes n'avait ainsi pas été dévoilé.

Inacceptable, pour l'Association suisse des banquiers

L'association suisse des banquiers (ASB) estime que le programme aura de lourdes conséquences pour les banques en Suisse. Elle juge notamment que les amendes infligées sont "à la limite de l’acceptable sur le plan juridique et du supportable sur le plan économique", écrit-elle vendredi.

Si l'ASB se résigne à accepter "la seule solution à même de résoudre définitivement les problèmes juridiques avec les Etats-Unis", elle se réjouit toutefois que les collaborateurs soient mieux protégés. En effet, la convention entre les partenaires sociaux et l'ABS entrera en vigueur, précise l'association dans son communiqué.

 

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