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Un détecteur de mensonges comme thérapie

La Clinique bernoise de Crans-Montana utilise désormais un détecteur de mensonges pour soigner les maladies psychosomatiques.

07 août 2012, 10:10
Un "détecteur de mensonge" utilisé à des fins thérapeutiques.

Utiliser un détecteur de mensonges pour aider les patients atteints de maladies psychosomatiques à guérir semble saugrenu. Pourtant la méthode fait depuis peu partie de l'arsenal thérapeutique de la Clinique Bernoise de Crans-Montana (VS), avec succès selon l'établissement valaisan.

Il ne s'agit pas de faire avouer au patient qu'il est malade, lance sous forme de boutade le psychologue-chef de la clinique Christophe Rieder en présentant la méthode aux médias. La technologie vise à mettre en évidence la relation directe entre le mental et le physique.

Le détecteur de mensonge permet d'effectuer une quantité de mesures, explique M. Rieder: quantifier le tonus musculaire, la température, les pulsations cardiaques ou l'humidité de la peau.

Ces paramètres changent au gré des émotions ressenties. L'appareil permet de déterminer le niveau de tension du corps face à une menace, même si celle-ci est subjective. Le patient peut ainsi percevoir qu'il a lui-même les moyens de faire face à ce dont il souffre.

Générer des pensées saines

Plus l'attention se focalise sur la maladie, plus le patient en est la proie, affirme M. Rieder. Le patient génère donc ses troubles. Et l'inverse est tout aussi vrai. Des pensées "salutogènes" concourent à la guérison.

Appelée "bio-feedback", ou rétroaction biologique en français, la méthode, pratiquée plutôt dans les pays germanophones et anglo-saxons, existe depuis les années 1960. En Suisse, seules quelques cliniques alémaniques en font usage, selon M. Rieder. L'intérêt est que le patient peut percevoir sur un appareil l'influence du climat mental sur le corps et en prendre conscience car elle s'inscrit immédiatement sous forme de graphique.

La FMH nuance

La méthode de rétroaction biologique est connue du président de la Fédération suisse des médecins (FMH). Elle ne nécessite pas de détecteur de mensonges en tant que tel, mais les appareils qu'elle utilise s'appuient sur les mêmes principes, précise Jacques de Haller. Il soupçonne qu'on utilise le terme "détecteur de mensonge", populaire par sa référence aux films d'espionnage, pour "appâter le patient".

"Utilisé dans les règles de l'art, l'appareil de détecteur de mensonge ne pose en soi pas de problème, mais ça me dérange si on en usurpe le terme", poursuit M.de Haller. Si la clinique valaisanne devait toutefois se servir d'un véritable détecteur de mensonge, le président de la FMH n'en serait pas moins inquiet.

Car en l'occurrence le détecteur induirait une situation de pouvoir sur le patient en lui prouvant qu'il se trompe. Et en médecine, ça ne va pas, affirme à l'ats Jacques de Haller. De plus, ce serait absurde sur le plan thérapeutique. La vérité du patient est la sienne; introduire une réalité normée n'est pas adéquat. Mais c'est dans l'air du temps de tout vouloir normer, regrette-t-il.

Responsabiliser le patient

La clinique rassure sur ce point, précisant sa volonté de faire évoluer le rapport thérapeutique entre le médecin et le patient, dont personne ne connaît mieux que lui-même son problème. Tous deux doivent devenir des partenaires, estime M.Rieder.

Il est important que le patient puisse reprendre la responsabilité de ce qu'il vit et évacuer tout sentiment de culpabilité. Entrer dans un tel processus est plus facile dans le cadre de la clinique, où les patients peuvent se concentrer exclusivement sur eux-même. Les séjours durent trois ou quatre semaines.

La tête commande

La méthode est proposée à la plupart des patients. En voyant réagir l'appareil, ceux-ci apprennent à fournir une réponse positive à leurs émotions. Cette prise de conscience leur permet souvent de donner un sens à la crise qu'ils traverse. Et pour M. Rieder il s'agit d'un premier pas pour pouvoir la surmonter.

Utilisée pour des problèmes psychosomatiques, la méthode présentée à Crans-Montana est également proposée à des patients souffrant de cancers dans le cadre d'une réadaptation oncologique. Le fondement reste le même: fournir au patient les moyens de gérer sa maladie.

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